au commencement était le verbe → Certains disent qu'on ne peut empêcher une histoire d'être racontée. Que le monde ne s'éteint pas parce que, quelque part, toujours, quelqu'un raconte une histoire. Et l'histoire de la terre et des hommes n'a rien d'un conte de fées. Ses véritables couleurs, ses sons éternels, sont encore inconnus. Aux débuts de l'univers, les chants se transmettaient à bouche fermée, par sons venus du fond du ventre. Entrer dans l'histoire, ouvrir sa chair à l'inconscient qui la frôle depuis tant d'années, ne peut se faire sans connaître les règles. Et qui ne connait pas les règles, est condamné à être hors jeu.

à la belle âme, jamais inconnue → Tout connaître. Un rêve insensé que poursuit celui qui n'a peur de rien, pas même de sa propre ignorance. Sache une chose, c'est que tu ne sais rien. Tu as tout à apprendre. Tout à demander. Bienvenue à la gare des lamentations, des supplications, des interrogations sans fin. Ici, pose tes questions, défend ta volonté, sors ton flingue et frappe un grand coup sur le comptoir, sinon, personne n'entendra ta voix percer le voile épais de l'égoïsme. Viens ici, si tes incompréhensions ont, depuis quelques nuits, pris la forme des visions cauchemardesques.

satanique solitude → Tu rêves d'un autre toi-même. Incapable que tu es de te faire l'amour, tu cherches un miroir à la hauteur de ton narcissisme pour mieux te regarder et t'apprécier. Pour essayer de te comprendre. De t'aimer vraiment. Tu cherches, désespérément, parmi les ruelles aux odeurs de pisse froide et de bière séchée, un frère, une sœur, un amant ou une amoureuse, mais en vérité, c'est toi que tu cherches avec avidité, comme un chien errant renifle chaque couvercle de poubelle dans l'espoir d'y trouver la substantifique moelle de sa solitude amère.

space monkey in the place to be → L’essentiel, le putain de formulaire. Il en ravi certains et emmerde d’autres. Rien ne fait jamais l’unanimité. Quoi qu’il en soit, il s’avère indispensable. Un personnage sans sa fiche, c’est aussi incomplet qu’un Gainsbarre sans son illustre Gitane au coin des lèvres. Il faut simplement se faire violence et remplir ce qui doit l'être. Même le staff s'y écorche les doigts, c'est dire à quel point ce passage est obligatoire. Nous vous accordons une semaine pour terminer cette présentation, ce délai dépassé, elle sera archivée et votre compte supprimé. Évidemment, un sursis est possible. Afin de clore ceci dans les règles de l'art : bon courage.

like a puppet on a string → Tu penses que tu t'es gouré de monde, pas vrai? À côté des autres, tu te sens à des miles de leur ressembler. Quand la vérité, au fil du temps, t'éclate au visage comme un gros ballon rouge gonflé de déceptions, et te révèle au grand jour ta malédiction: tu es l'essence même de ce monde, tu as été créé pour vivre dans ce monde, avec ce monde. Personne ne te retient, tu sais. Va savoir pourquoi tu restes. Tu veux savoir? Je vais te le dire. Parce qu'au milieu de la foule qui te dégoûte, au milieu des idiots qui te scandalisent, tu sais, tu sens au creux de toi qu'ils sont toi. Les mêmes que toi. L'arche de Noé où chacun tient dans sa main son ticket damné.

le vieux carré → Sans nul doute le quartier le plus populaire et festif de la Nouvelle-Orléans, il amasse un nombre incalculable de touristes par an. Il offre l'illusion de visiter un pays étranger: la France, comme son nom l'indique, bien que son architecture rappelle surtout celle de l'Espagne. En constante animation, il grouille de divertissements en tout genre, bars, musiciens, clubs, et cætera. Le quartier est majoritairement peuplé d'immigrés venus d'Italie du sud et d'Irlande. On dit que passées deux heures du matin, mieux vaut ne pas trainer trop longtemps dans les ruelles étroites, le sud de l'Italie et l'immigration irlandaise étant représentantes des familles mafieuses dans toute l'Amérique.

keep it calm → Certainement le quartier le plus calme et classique de la Nouvelle-Orléans. Il y fait bon vivre, très beau dans son architecture, Garden District plaît pour sa simplicité et sa végétation. On y croise bobonne et son mari infidèle qui s'en vont faire les courses, des adolescents errant à la recherche d'excès puérils à expérimenter, papi et mamie qui fixent leur voisin d'un œil suspicieux, des touristes venus admirer la singulière beauté des lieux. Garden District est relativement serein, bien qu'évidemment, quelques exceptions viennent troubler ce pseudo havre moderne. Le colonialisme présent dans l'architecture de la plupart des immenses maisons qui bordent Audubon Park semblent hantées des fantomes du passé de la ville.

we shine in here → Il est surtout connu pour son université, un quartier principalement fréquenté par les étudiants, évidemment. Si certaines rues semblent agréables, d'autres s'avèrent plus ou moins sordides. Il faut simplement savoir où foutre vos pompes, ce qui n'est pas une mince affaire. Principalement animé par des bars et des boites, Tulane university bouge pas mal. La Louisiane étant réputée pour sa jeunesse fêtarde, les commerces illégaux et prostituées s'y sont installés plus qu'ailleurs. Les étudiants connaissent les règles à ne pas dépasser, mais gare aux touristes imprudents. Déserté en périodes de vacances scolaires, le quartier est investi par les ouvriers de la classe populaire, qui se mêlent souvent aux joyeux débordements de la jeunesse louisianaise.

l'enfer, le silence → Immensité blanche remplie de rien. C'est peut-être ça, la mort. Pas de ciel, pas de terre, pas d'eau ni d'écho. Ne restent plus que toi et tes rêves, toi et tes cauchemars, toi et tes mille et un toi qui attendent, angoissés dans le silence immaculé. Les jours s'en vont, tu demeures. Condamné à errer dans l'éternité sans fin ni début – tu deviens fou, hors de toi, et tes doubles finissent par te regarder sans comprendre. Loin au-delà du monde, là où personne ne respire, là où personne ne prie, un fou se parle à lui-même.

soul matter → C'est l'heure de jouer ton âme, lucky you. Le plus grand pari de tous les temps: le tien. Bienvenue dans l'esprit de Monsieur James et de Monsieur Nick. Ici, tes faiblesses, tes péchés seront révélés, matérialisés, incarnés. Ici, la moindre chope de bière peut contenir un poison mortel, et les sexes des hommes et des femmes ont des dents tranchantes. Entre donc avec ton compagnon, et jette les dés. À présent, c'est toi contre lui, c'est ta peau ou la sienne. Les histoires, lorsqu'elles sont racontées, n'ont jamais rien de dangereux. Tout change lorsqu'on en devient le personnage principal.

opium fumerie → L'opium raconte bien des histoires. Vous êtes entrés dans cette fumerie asiatique où un serveur discret vous a conduits jusqu'à une banquette pourpre molle et confortable. Le charbon a brûlé lentement dans vos rétines, et vous avez absorbé la fumée. Ce que vous avez pris pour le sommeil s'est emparé doucement de vous, inconscients qui ignorez que le délire se fait passer pour le rêve. Réalité palpable, douloureuse ou jouissive, effrayante ou exaltante, tes songes prennent formes et les fantômes de l'opium s'invitent à la fête. Une heure, un an, un siècle, qui sait jusqu'à quand cette vie trompeuse durera, qui sait quelle couleur prendra ton sang, quand tu te réveilleras.

ficciones → Tout était falsifié. Rien n'était vrai. Les livres étaient en sable. La sirène en papier mâché. Baisé comme un bleu, voilà ce que j'ai été. La réalité n'était pas ce que je croyais, l'imaginaire seul possédait une quelconque vérité. Tout ce que je cherchais se trouvait là, au creux de ces pages froissées que j'ai dénigrées si longtemps. Alors j'ai plongé la tête dans les grains de poussière, et j'ai inspiré un grand coup. Je suis devenu poussière, et ce fut tout.

hé j'm'en fous d'ta vie → Me parle pas de tes exploits, de tes histoires d'bandits et des tes 2 mois d'card-pla. J'respecte les vrais pas ceux qui aiment s'la raconter, qui donnent trop d'mères en pleurs d'vant les pénitenciers. Voleurs invétérés, au portable dans leur cellule du shit aux pillules, qui sont prêts à tout pour manger, incrédules, matte c'tolards qui coffrent un 50G, un cul ou un sac-à-dos, p't-être à la r'cherche de leur point G. Privé d'ta famille tout d'abord, seul à chialer maint'nant tu rêves de liberté mais fais gaffe aux miradors, et une fois dehors là tu diras qu't'as assumé, qu't'auras fait ta peine sur un pied et tu joueras le mec hardcore, te-bê, y'a pas d'mérite à avoir fait du placard, si t'es béton c'est qu't'as pas été en m'sure de les ber-bar.

comic strip → Œuvres artistiquement colorées, galeries tentatrices, couleurs mélangées harmonieusement, l’endroit rêvé pour enfin exposer tes créations les plus folles sans restriction. Juges éternels de tes élans artistiques, nous nous ferons un plaisir de commenter. Lance-toi. C'est le moment ou jamais de nous impressionner.

cthulhu → Les oubliés, les terminés, les finis, les raturés, les chiffonnés, les disparus. Cthulhu les a avalé dans le noir de sa gueule, tu ne peux plus rien pour eux – passer un avis de recherche, si tu veux, engager un détective, mais tu ne retrouveras que des souvenirs embués, calcinés. Ici, les ratés, ceux qui s'en sont allés, sans se retourner.