ENDLESS WALTZ
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez | 
 

 Somewhere else to lie ; Phoenix

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Charlie Weiss

Charlie Weiss




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyMer 28 Déc - 20:38

Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ; II nage autour de moi comme un air impalpable; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon. Et l'emplit d'un désir éternel et coupable. [...] Et, sous de spécieux prétextes de cafard, accoutume ma lèvre à des philtres infâmes. II me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, haletant et brisé de fatigue, au milieu des plaines de l'Ennui, profondes et désertes. Et jette dans mes yeux pleins de confusion des vêtements souillés, des blessures ouvertes. BAUDELAIRE.


Il y a comme un malaise, au fond de la gorge. La trachée s’obstrue et l’esprit se distord. Le bel ange vacille sur ses guiboles grêles, ses genoux claquent l’un contre l’autre. Bruit sinistre d’os malmenés. Il soupire, ravi, l’âme transcendée. Le poison coule allégrement dans ses veines, il s’infiltre et imprègne sa soyeuse et tendre chair. Charlie s’abime, en croyant pouvoir exister. Il se tue, il déteste autant qu’il aime. C’est un adepte de la sensation dérisoire, du vertige absolu et de la perdition d’un corps. Mort. Froid et cependant vivant. Les paradoxes s’amoncellent et la rue penche. Juste là, sous ses deux billes bleues polaires. L’image du trottoir qui se tortille sous ses pieds, les réverbères grésillent et la nuit noire s’avance. Elle recouvre le monde de son horrible manteau, troué. Beaucoup de cigarettes. Beaucoup trop de cigarettes. Les mégots ont ravagé la soie qui l’en composait. Un nouveau soupir, l’enfant sourit. Grimace fantastique, sur son minois percé. Un anneau dans le nez, une bouche triste, des yeux délavés et des oreilles aux lobes décharnés.
Charmant, vraiment charmant. Susurre une voix non loin de lui. Un regard sur la droite. Un autre sur la gauche. Personne. Deux personnes. Quelqu’un ? Il hallucine et déraisonne. Il cherche son penchant, son obsession, sa fatale déraison. Il ne devrait pas, il le sait. Il n’arrive plus à faire machine arrière. Le monstre s’est incrusté dans sa cervelle, il lui bouffe le cœur et les artères. Pire que la dross, sans doutes possibles. Charlie espère faire une overdose en avalant son sperme. Crétin. Il fulmine, ronchonne entre ses dents. Balance quelques insanités, glousse. Et pousse la porte. Son épaule, savoureusement enrobée dans une veste de cuir cloutée, déchirée ; claque sur le verre, il gémit. La douleur se répand, l’impression de s’être déboité l’articulation le submerge. Plissant ses fines paupières, il traverse le hall. Manque de s’affaler sur le carrelage. Un homme le récupère au vol. Un peu plus, et c’était sa sale gueule qui éclatait par terre. Pas de merci. « Lâche-moi. » Un grognement tout au plus. Il se défait de l’étreinte qui le répugne tellement. Et le sale gosse reprend sa fuite, reprend sa course, reprend ce qui lui revient de droit. Identique, double, qu’il crève. Non. Non. Il paniquerait presque à cette absurde pensée. Charlie ne veut pas le perdre. Charlie est faible, épouvantablement faible. Il s’est lamentablement condamné.
Une peau aux arabesques fantastiques. Une histoire qu’il faut savoir déchiffrer. Il en est sûre ! Il en est convaincu… Les obscènes hiéroglyphes lui diront comment l’enchainer, le dompter. Le briser de la tête au pieds. Phoenix va morfler. Pas trop, il le promet. Assez, pour lui faire expier ses paroles pécheresses, et ses actes infâmes. Il rêvasse, il ambitionne, il se languit et refuse de l‘avouer. Sa conscience crépite, ses muscles se raidissent. Les escaliers, paraissent se dérouler à l’infini. L’angoisse le prend aux tripes, lui retourne l’estomac. Son souffle s’accélère, et la colère grimpe. Pourquoi cette traitresse est t’elle toujours là ? Sous jacente, elle plane, pareil à un oiseau de mauvais augure. Elle attend le bon moment pour surgir des entrailles du petit dément, du dramatique esclave. Et son tombeau s’ouvre, le couloir s‘illumine. La lumière lui décolle la rétine, il crache une insulte. Numéro 23. 32. Ou 13. Qu’importe, Charlie n’en a rien à cirer. Le prédateur gronde, car une proie sort du refuge marbré.
Phoenix a joué. Phoenix a osé s’amuser, en prenant une poupée qui puisse servir de dérivé. Pâle copie. Cheveux blond et teint maladif. Il lui ressemble. Légèrement. Brièvement. Les mains de la bête s’accrochent à sa propre tignasse, Charlie tire, vérifie. Il n’est pas le reflet. Il n’est pas un fantôme. L’inconnu, lui, esquisse un naïf sourire. Erreur. Satanée connerie. L’ange camé lui saute à la gorge, lui écrase le dos contre la rambarde avant qu‘il n‘ait pu ouvrir la bouche. Ses longues phalanges entourent furieusement le cou délicat de l‘avorton. Il presse, et d’une voix dénuée de sens ; sans saveurs, sans intonations. Sans rien. Rien. Le néant l’habite. La fureur le crame. Tout est enfermé. Tout cherche à sortir. Charlie chuchote. « T’es qui toi ? » Il n’attendra pas la réponse, c’est évident. Il n’en a que faire. Son regard où danse la folie et la détresse, vrille sur le criminel. Il est sur le seuil. Le démon observe la scène. « C’est qui putain ? C’EST QUI PHOENIX ! » Il braille, il ne peut pas s’en empêcher.
Si une crise doit survenir. Autant réveiller les voisins. Faire chier le monde tout entier. Puisqu’il faut qu’ils sachent. Tous. Tous sans exceptions doivent savoir. Personne n’a le droit de toucher à ce qui lui appartient.


Dernière édition par Charlie Weiss le Jeu 29 Déc - 2:08, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Phoenix Wade

Phoenix Wade




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyJeu 29 Déc - 1:30


There are some remedies worse than the disease.

Et tu te réveilles aux côtés d'une copie, car l'original ne veut pas de toi. Ou tu ne veux pas de lui. Ou il ne veut de personne. Une cigarette pour l'absurdité, une autre parce qu'avec tout ça, t'as presque envie de gerber. La cigarette brûle, tu te refroidis. T'as envie de le voir partir, qu'il aille n'importe où mais pas ici. T'as envie de désirer les bonnes choses, juste une nuit. Qu'on te foute la paix, mais pas qu'on t'oublies. Une troisième cigarette, juste parce tu ne devrais pas, et que forcément, t'en as envie.
Le café est noir, un peu de néant dans une tasse. C'est pareil dans ses pensées, celle du Phoenix qui sait tout faire sauf voler. Perché sur un tabouret noir, tête baissée sur la table en verre. Aussi transparente que crade, avec ses deux cendriers blindées et ses verres de shooters désormais vides qu'il regretterait presque d'avoir utilisés si son mal de crâne ne l'empêchait pas de penser. Fascinant, quelques shooters et ton cerveau fout le camp, jusqu'à décider d'introduire dans ton lit la dernière personne que t'aurais envie de toucher. Résultat infiniment plus pathétique en état de sobriété, quand la première personne que t'aurais envie de baiser se trouve être celle qui te fait aussi le plus sévèrement gerber. Le genre de matinée qui lui donne la nausée. Le seul genre de matinée que récemment, il connait, Phoenix ou le fantôme dans la peau duquel tu flippes de te réveiller.
Parce qu'un café ne suffit plus à se réveiller, un deuxième se vide dans la tasse. Parce que trois cigarettes ne sont jamais assez, une quatrième glisse entre ses lèvres et s'allume machinalement. Il se dit qu'à ce rythme, la pièce pourrait être intégralement noyée de fumée, alors il pourrait disparaître, et ça lui paraît être une bonne idée. Il se lève de son tabouret, fait résonner un peu de musique et finit son café. La musique commence à le réveiller, et c'est là que l'autre se décide à bouger. Coup d'un soir, prénom inconnu, la seule chose que Phoenix sait de lui, à peu de chose près, c'est qu'il a une tâche de naissance sur la fesse droite et que se masturber aurait sans doute était au moins aussi efficace que la nuit médiocre que ce type lui a fait passer. Portrait typique et pathétique, le nez dans son café, il espère ne subir aucun contact, tactile ou visuel. Des prières de tranquillité se transforment en jurons virulents qui s'échappent de ses lèvres. Manifestement pas assez fort. Le type lui demande une clope. Si cela sous-entend qu'il souhaite rester pour la fumer, hors de question, si c'est pour se tirer et la fumer dehors, il peut prendre le paquet. « Casse-toi, putain, fous-moi la paix », pense-t-il. « Je suis crevé et j'ai plein de boulot à faire aujourd'hui, je t'appelle demain », dit-il. Le type sourit, des sons quelconques sortent de sa bouche, le type se casse. Phoenix lâche son café en grognant pour fermer la porte, ce que le type n'a pas fait, et un nouveau genre de monstre apparaît. Le temps de réaction est lent, juste le temps de transformer son envie de disparaître en envie de crever.
La musique résonne, les pensées de Phoenix se remplissent. De la colère, du désir, et au milieu, le néant. Il ferait peut-être mieux de gentiment sauter dedans. Charlie, éternelle bête virulente, s'agite et s'énerve. Phoenix sourit, c'est inconscient, la situation lui plait. Que l'original tue la copie, si c'est ce qui doit arriver. De toute façon, au fond de lui, il a toujours préféré être la marionnette plutôt que les mains qui tirent les ficelles. « C'est toi. Version amélioré. Il te plaît ? ». Provoquer la bête pour mieux se faire avaler. C'est que la bête n'a rien de terrifiante quand ses crocs sont rongés par la jalousie. Et pour le meilleure inexistant, comme le pire omniprésent, Phoenix aime la bête, pas sa copie.
« Lâche-le, Charlie », crache-t-il dans une seconde de clairvoyance. « C'est pas avec lui mais avec moi que t'es venu jouer, non ? ». Et retour vers le néant. Saute dedans, saute gentiment. La bête t'attend au fond, elle t'attend impatiemment.
Revenir en haut Aller en bas
Charlie Weiss

Charlie Weiss




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyJeu 29 Déc - 7:53

La fureur grimpe, le désir de réduire en miettes ce visage qui lui ressemble de trop. En vérité, trop peu. Mais Charlie ne voit rien d’autre que le mensonge, la cruauté de l’acte. Et cette souffrance de ne pas avoir été là. A la place. Il est incapable de mettre un mot sur le sentiment. Car en lui, c’est un joyeux bordel. Des cris, des gémissements et des soupirs languissants. Couleur opaline, partout, répandue sur la peau de sa copie merdique. Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? Pourquoi est-ce que t’es allé chercher ça ? Les questions ne franchissent pas la barrière naturelle de ses dents, aux gencives irritées. Le besoin d’abimer la chair, comme il marque la sienne. Ruisseaux, de substances discutables. Et les louanges des saints bannis, résonnent au fin fond de son corps aux membres cassés. Nuances de diverses horizons. Beige, purpurine, mauve et olive. Le canif dans sa rangers déglinguée, attend patiemment son heure. Il se penche sur le côté, légèrement. Un bras s’abaisse. Pendouille mollement le long de son flanc. Je veux le défigurer.
La pulsion lui obstrue la raison. Et les doigts cramponnés tout autour de la gorge, inévitablement se serrent. Il presse avec dédain, avec méchanceté. Qu’il supplie. Qu’il réclame. Le besoin de dominer et de déchiqueter. Le fauve est enragé, et il en oublie le pourquoi de cette visite. Le comment de la colère. La garce est inlassablement là, elle plane, elle vogue à la surface. Amoureuse éternelle. Sirène qui lui chante sa litanie. Lui bousille la matière grise, aussi. Au moindre flux, elle s’active et remonte. Fureur. Labourant la conscience et stimulant la démence. Le mélange est affreusement douloureux. Charlie plisse une fraction de secondes les paupières. Trop de lumières, ça lui fait mal. J’ai mal putain. Une grimace déforme sa bouche si joliment triste d‘habitude. Ses sourcils se froncent, et il déraille. Dégringole. Son esprit fragile et capricieux, erre. Il veut se connecter à l’autre. Impossible, tant que la réplique blonde, de lui-même, sera là à les épier.
Le chemin qu’il a emprunté, une tâche noire et profonde. Un trou purulent, qu’il faudrait sans doute reboucher. Non. Charlie refuse et secoue la tête de gauche à droite. Tout doit rester ouvert, pour qu’il voit. Qu’il voit ce que cela fait, de glisser dans un monde qui n’est que désillusion et abandon de soi. Personne n’a aucun droit. Non, personne n’a aucun droit sur moi.
Regarde, regarde moi bien. Et qu’est-ce que tu y vois ? L’inconnu n‘expulse que des sons étouffés, absurdes et larmoyants. Des larmes perlent sur les rebords de ses yeux fades. La langue frotte contre le palais de l’enfant turbulent. Charlie a faim. Les lécher le démange. Gouter à l’innocence bafouée, les fantasmes inavoués. Peut être y décèlera-t-il le gout de l’oiseau malveillant. Volatile ardent. Et la peur. Cette déraison ignoble. Visqueuse et écœurante à souhait. Charlie se penche, fait mine d’entrouvrir les lèvres. Rictus mauvais, qui a la place s’invite. Il ne va pas se souiller, avec une daube pareille. Lorsqu’on a décidé de se noyer, on le fait correctement. Avec gout, dégout, mais en aucun cas par simple insuffisance, privation.
Absence de son essence.
Il en crève un peu plus chaque jour. Il en mourra en sa présence.
Et l’inconnu, qui s’exprime encore. Un gargouillis. Charlie vrille ses iris myosotis sur l’impudent.
La mise à mort, par décapitation. Une entreprise qui le ferait presque rougir de plaisir. Et le démon est là, immobile. Il scrute. L‘attaque vociférée par l‘ange blond, le laisse indiffèrent. Au feulement de la bête. Une réponse. Un sourire se dessine sur la bouche méprisable et fascinante. Cette bouche, Charlie souhaite ardemment la dévorer. Mordiller la lippe, puis l’arracher d’un coup sec ensuite. Le sang, son sang, cette hémoglobine écarlate et sucrée, lui appartient.
Tout est à lui. Il est à lui.
Phoenix n’est qu’une raclure qu’il ambitionne posséder et soumettre. Faire plonger pour mieux l’étreindre, l‘atteindre. Il faut enchainer l’animal. Et quoi d’autre ? Il ne sait pas. Il refuse de saisir la réalité qui le transforme, qui le fait passer de proie à prédateur. Il en est malade. Boum. C’est le tambourinement déluré de son cœur dans sa cage thoracique. Boum. Le palpitant nécrosé veut sortir hors de sa prison, écarter les barreaux d’ivoires et creuser la poitrine morcelée. L’être à l’intérieur est semblerait t’il brisé. L’âme, un spectre grisâtre aux cernes gigantesques.
Moi. Version améliorée. Phoenix parle. Haussement d’épaules. L’attention se reporte sur l’objet de convoitise. La poupée avec laquelle s’est amusée le démon n’a plus d’importance. Dorénavant, c’est de la défiance qui inonde les prunelles de Charlie. Désobéir, et lui montrer qu’il ne fera pas la loi avec lui. Y croit t’il lui-même ? Le doute, ce vilain serpent, s’insinue dans ses veines, infecte ses artères et bousille son cerveau. Lâche ça. Charlie lâche. Automate, il a autre chose à démolir. Il préserve sa rage, pour un dessein plus vaste.
La copie ratée s’enfuit la queue entre les jambes. Charlie avance. Il marche. Un pas après l’autre, le fauve s’approche. Il pousse son double avec virulence, et pénètre dans l’appartement. Un coup d’œil. Faux. Il vérifie tout, sans exception. Il vérifie si personne n’a comblé le vide qui habite l’être qui l’enivre. Rien. Le néant est parfait. Le chaos règne. Une main de Charlie s’accroche sauvagement à la mandibule de Phoenix, avant qu'il n'esquisse le moindre mouvement. Charie voudrait la lui décrocher du reste de la tête. Il tire, le force à ouvrir la bouche. Charlie regarde au-dedans, il fixe longuement le bout de barbaque rose, luisant, et agile. « Va chier. » Crache t’il, ayant récupéré son timbre neutre, monocorde. Une musique basse et graveleuse. « J’espère qu’après ça. Tu t’sens encore plus vide, que tu ne l’es déjà. » Sa bouche frôle la sienne. Son haleine putride se mélange à celle de l’identique.
Charlie se recule. Et l’abandonne.
Il investit les lieux. Son blouson de cuir valdingue sur une chaise, ses chaussures restent dans l’entrée. Le môme crapahute sous le bar. Sa tignasse dorée s’emmêle. Il la repousse. Gratte son front. Gratte son bras aux plaies violacées. A la recherche d’un poison quelconque dans le meuble, il fouille frénétiquement. « C’était pas une version améliorée. » Articule t’il, avant de dénicher une bouteille, déjà entamée. « Pourquoi est-ce que t’as menti ? » Finit t’il par demander. Debout dans la pièce. Dévisageant son mortel reflet.


Dernière édition par Charlie Weiss le Sam 31 Déc - 2:17, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Phoenix Wade

Phoenix Wade




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyVen 30 Déc - 23:52

A cet instant précis, Phoenix n'était qu'un fantôme insensible incapable d'agir sur ce qui l'entourait. S'il n'a pas lu la détresse dans les yeux du type inconnu, alors qu'il se faisait étrangler par la bête sauvage et aimée, c'est parce que ce regard, il ne l'a pas croisé. Il est probable que si ce type aurait hurlé, se serait écroulé, gueule ouverte et sans vie, Phoenix n'aurait pas réagit. Ou pire, Phoenix aurait souri, continuant d'aimer la bête, priant d'être avalé, pour fuir et vomir son âme la seconde d'après. Se haïr, le haïr, juste pour brûler, juste pour ressentir.
Sa colère sonne faux, la colère de la bête aux poings serrés, réveillant son orgueil quand il apparaît si transparent de dignité. Il ne frappera pas, car face à lui, ce n'est pas sa proie. Dans ce tourbillon d'émotions, Phoenix ne participe pas. Il ferme les yeux à cette pensée, cherchant quelque chose à extérioriser. Rien. Il ouvre les yeux, rien n'a changé. De la colère brûle au cœur de la bête, de la peur dans les yeux de sa cible. Et ce rien, dégueulasse et terrifiant.
L'homme vide ne sourit plus. La proie s'en va, physiquement intacte. Et les yeux encore brûlant de la proie se pose sur le visage d'un Phoenix agonisant. Qu'elle avale son sang si cela prouve qu'il est vivant. C'est quand on meurt, qu'être en vie est fascinant. « Je préfère voler les yeux fermés que crever au sol, à regarder un ciel auquel je n'accéderai jamais », dit-il au néant, son unique confident.
Le corps de Phoenix bascule sous la pression de la bête. C'est pathétique, qu'il morde et arrache dès à présent sa peau, si c'est ce qu'il est venu chercher. Phoenix ne lutterait pas, trop occupé à apprécier. Son appartement se remplit d'une présence empoisonnée, qu'il voudrait boire avec insouciance, et recracher avec virulence. Danse, bête enchantée, on crèvera tous à la fin. Danse et avale ta proie. Ou la proie le fera pour toi.
Violence physique. Encore. C'est comme ça qu'il aime la bête, les mains pleines de sang, impatiente et vivante. Baiser avec ça, c'est comme mourir à chaque fois. C'est comme vivre plusieurs fois.
Violence verbale. Encore. Comme le reste, typique et pathétique. Et l'oiseau danse avec la bête, l'oiseau copie la bête, la bête copie l'oiseau. Un « connard » s'échappe des lèvres de Phoenix quand le regard des monstres se croisent. Et une provocation de Charlie claque l'air et renvoie l'oiseau à terre. Ce connard pourrait aussi bien l'étaler sur une table et vider chacun de ses organes pour les exposer dans sa piaule. Phoenix appartient à Charlie, comme il dit, et l'oiseau fuit.
Le poison se répand lentement entre les murs de l'appartement, encore un intrus investissant les lieux, c'est affligeant. Reste que celui-ci est plus violent, plus charmant. Phoenix allume une nouvelle cigarette, il arrête de compter. La logique de son esprit est limité quand la présence de la bête monopolise ses pensées. Tant qu'il restera des cigarettes dans le paquet, son existence pourra continuer de brûler.
La bête fouille, s'agite, s'incruste dans sa peau par tout les pores. Il se plaint, questionne, grogne et gémit. Il boit, aussi. Phoenix ne bouge pas, observe et malgré lui, désire. Une putain de boîte de chocolats qu'il veut ingurgiter et vomir. Pourquoi est-ce que t'as menti ? La voix neutre touche l'âme de Phoenix. A croire qu'il rentre en cage avec une parfaite docilité, et qu'il crèverait sans broncher si cette cage venait à ne plus exister. Provoquer ou rassurer, peu importe, Phoenix est en cage, et le jeu n'existe pas quand l'issue est déterminée. « Parce que la vérité est dégueulasse ».
Il vide son café dans l'évier, le liquide noir glisse et disparaît. Il ne quitte pas Charlie du regard, aussi imprévisible que la première nuit. Aussi fascinant et repoussant que cette première nuit. Seule la musique résonne dans la pièce, elle remplace la conscience de Phoenix, s'approchant de l'endroit exact qu'il devrait fuir. Ses pieds frappent le sol, son cœur frappe sa poitrine. Il a cette sensation agréable et terrifiante que si il l'embrassait, des sentiments indistincts se bousculeraient. Comme un amour timide qui ne sait pas vraiment comment parler. Et puis la réalité sort ses crocs, rappelant de toute ses forces qu'à la fin, ce n'est que dans le sang que ces deux monstres pourraient prétendre s'aimer. Ils luttent déjà tellement pour exister.
Il avance. Le cœur bat, il fait un peu mal. Charlie ne le regarde pas. Sans bruit. Avalant son poison. Phoenix se dresse alors à ses côtés, croise son regard à travers le reflet. « Qu'est-ce que tu fous ici, Charlie ? », dit-il, conscient qu'aucune réponse ne pourrait être appréciée. « Qu'est-ce que t'es vraiment venu chercher ? ».
Revenir en haut Aller en bas
Charlie Weiss

Charlie Weiss




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyJeu 12 Jan - 15:06

Connard. La chimère danse, la chimère meurt. Elle crève un peu plus, chaque fois, à l’intérieur. Et la mélopée de mort résonne à ses tympans. Le fait chanceler, le fait également s’enivrer. Petit boucher aux désirs insoutenables. Esquisses sanglantes, il aimerait trifouiller dans les ventres chauds, séparer les muscles du squelette. Le félin dévore, le monstre avale. Et la faim, pourtant, ne peut cesser de croitre. L’air est putride, son souffle est infecte. Venin d’une existence, il lorgne de ses yeux de chat sa proie. Souris, mulot, peut être finalement chien enragé. Quelle importance ? Du moment qu’il reçoit les coups, du moment qu’il reste amorphe sous la pression. Jusqu’à ce que la rage s’éteigne et qu’il s’isole au fond. Un monde macabre et bien triste. La fatigue.
Il faut qu’il perde l’avantage, s’enferme. Et soit puni pour ce fait. Une morsure, des griffes qui crissent contre les os. Se réveiller avec un grognement et des dents prêtent à mordre tout ce qu’elles trouveront. Sous le nez à l’anneau, un bout de barbaque bouillonnant sera présent. C’est obligé. Obligé.
Le vilain gamin boit à même le goulot de la bouteille, et ne porte qu’une fébrile attention au démon. L’alcool lui brule la langue et la gorge, il adore ça. Prémisse d’une ruée vers l’horreur. C’est follement excitant. Ses mèches blondes lui encombrent la vue. Tant pis. Charlie ferme les yeux, plisse les paupières. Toujours plus fort. Il est en manque. Ses mains moites, glissent sur le verre frais de la bouteille. Et ses doigts, inlassablement, tremblent telles des tiges longues et fragiles, sous le vent d’une tempête annonciatrice des pires sévices. Chaos. Langoureux amant. Approche. La petite voix dans sa tête, lui indique, que le jeu ne fait que commencer.
Il sait, qu’il ne devrait pas. Il sait, qu’un être a besoin de lui. Il sait, tellement de choses. Et il écrase, balaye, préfère ne laisser que des ruines abominables sur son passage. Sang, cris, et larmes. Pathétique et pitoyable. Il faut plus, il faut ajouter au tout des nuances laiteuses et abjectes, quelques gargouillis lugubres, et des yeux vitreux tant la cervelle se décompose. Neurones sur le déclin.
C’est un incendie. Un feu gigantesque, au sombre souhait. Je le veux lui, tout de suite. Il a pas le droit. Pas le droit de fuir, pas le droit de sourire. Pas le droit de chialer non plus. Il a seulement le droit de regarder, et le droit de gifler. L’insulte, ce n’est pas permis. Une injure, c’est un affront. Un affront, et le virulent bambin attaque pareille à une bête aux instincts meurtriers.
Stop. Il envisage et dévisage Phoenix. Une question. L’ange réclame sa réponse. Et l’autre, la moitié finit par docilement courber l’échine. La parole s’extirpe d’entre les lèvres blêmes, d’où une cigarette a trouvé sa place. Insupportable, cette garce n’a rien à y faire. Quoi, quoi alors ? Répète la conscience égarée. Charlie répond, platement. Ma langue. Pas un haussement d’épaules, ni de sourcils. Rien, qu’une figure placide. Sans expressions, ou sans vie. Est t’il mort ? Non. Sinon, comment expliquerait t’il le tiraillement soudain entre ses guibolles malingres. Parce que la vérité est dégueulasse. L’entre-jambe tressaille, tandis que les genoux manquent de lâcher. Et le malaise envahit le monstre. Puisqu’il n’ignore pas, et encore, inlassablement… Il sait. Et ça lui fait mal. Et il ambitionne lui labourer cette frimousse impeccable. Pourquoi à t’il oser s’exprimer ? Il aurait dû simplement la fermer. Paradoxes, et contradictions, s’accumulent en son sein. Le vertige.
Le démon bouge dans le tombeau sinistre. Il se dirige vers l’évier, et jette le café marronné. Peut être le contemple t’il, de crainte qu’il ne lui bondisse dessus. Charlie est ailleurs. Loin, très et trop loin d’ici. A semi délirant, il suffoque. Repose la bouteille qu’il tenait maladroitement, sur le rebord du bar. La substance noirâtre s’écoule dans l’évier. Les froides prunelles de Charlie suivent le chemin du liquide, jusque dans les boyaux de l’appartement. Puis, les pupilles d’encre dévient lentement. Les cheveux de l‘obsession, l’oreille, le contour saillant de la mandibule, la gorge, les épaules. Il détaille son gibier, implacable et concentré. Par où débuter ?
Fin.
Charlie s’en est allé, dans un délire ou une hallucination désagréable. Ses iris turquoises, quoiqu’aujourd’hui délavées, ont déraisonnablement fui. La fuite, stupide, et imbécile fuite. Il observe attentivement ses propres doigts, des ongles peints en noir. Du vernis écaillé. Des écorchures sur les phalanges glacées. Et des estafilades sur les bras blafards et douloureusement veinés. Serpents sous la peau, verres et asticots, qui rampent, qui se dandinent. Il est infesté par ses saloperies. Ecarquillant les yeux, la terreur s’amène. « Qu'est-ce que tu fous ici, Charlie ? » Ca claque dans l’atmosphère. Fouet qui lui lacère la logique. Charlie sursaute. Et relève son regard vers l’assassine victime. « Qu'est-ce que t'es vraiment venu chercher ? ». Insiste Phoenix.
Et Charlie reluque son beau reflet, bat des cils aussi. Incrédule. Sa bouche s’entrouvre. La panique lui obstrue l’œsophage. Son masque de porcelaine éclate, et la fureur réinvestit ses traits. Seul moyen de défense dans le tourment qu‘il construit. Les sourcils se froncent. Et une moue boudeuse fatalement s’incruste sur son adorable minois de camé. Il s’adoucit, une fraction de seconde. Un murmure. « La liberté. »
Mensonge ou réalité. Les deux, à la fois.Qu’est-ce que l’assurance et l’épanouissement, quand la carence et la privation finissent par hanter ?
Une main, va vers la nuque dégagée. Il l’effleure, la presse délicatement. Charlie caresse l’épiderme tatoué, il s’approche un peu plus. Face à face. Il jauge l‘infâme tentation. Son haleine chatouille les lèvres de l’obsession. Son autre main retire doucement la cigarette, pour aller l’écraser vulgairement sur la table à côté d‘eux. Le mégot se tord, et reste à l’abandon sur le meuble transparent. « Et toi, Phoenix, j'admets apprécier t'enfermer. »
La bouille mal lunée réapparaît. La hargne s’invite, et les doigts se referment sur les cheveux du jeune homme. Il tire, le force à lui exposer son cou aux dessins ouvragés. Sa queue se tend. « Je vais simp… » Charlie s’arrête, en plein sur sa lancée. A nouveau, ses yeux se sont posés sur ses avant-bras au réseau sanguin violacé. Les angoisses percent la couche protectrice. Il lâche immédiatement Phoenix, se recule et frotte ses membres. Débande, également. Ses ongles se plantent violemment dans sa peau, qu’il abime, qu’il taillade. « Y’en a plein, y’en a trop. Y’en a trop. » Il se frictionne, se gratte maintenant le gorge, finit par glisser ses mains sous son teeshirt. Le trouble enfant manque de s’arracher la poitrine, en oubliant ses piercings. « Je les sens. Ils sont partout. JE LES SENS ! » L’effroi. Il gueule. Crise d’hystérie, qui s‘entame. Il s’agite, la folie irrigue abondamment son cerveau. Les verres de terre vont et viennent en dessous. Il pourrit de l’intérieur. Cadavre debout. « Phoenix fait quelque chose. FAIS QUELQUE CHOSE ! » Démence. Charlie s’accroupit sur le sol, cherche à l’aveuglette un couteau, une cuillère, un briquet, n’importe quoi fera l’affaire. Il faut enlever les insectes, il faut soustraire à son organisme les preuves de sa déchéance. Décadence et disgrâce, d’un esprit jadis éclairé.
Revenir en haut Aller en bas
Phoenix Wade

Phoenix Wade




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptyMar 24 Jan - 17:52


Je veux détruire ton âme, pour ne plus l'aimer. Je veux détruire ton âme pour ne plus avoir à l'envisager jusqu'à vouloir la baiser. Cette âme que tu es incapable de contrôler. Sale déchet. Prends ce que tu viens chercher ou pars en courant, tête baissée, dépouillé de ta dignité. Celle que t'as abandonnée, en même temps que ton espoir de rêver sans destruction, de rêver sans estomac qui se tord, sans cicatrices et pupilles dilatées, incapable de pleurer. C'est quand la dernière fois que t'as ressenti autre chose qu'un sentiment d'égo blessé ? Connard, je te hais. Je caresserais ton corps si tu ne détruisais pas le mien. Peut-être que tu caresserais le mien si je ne détruisais pas le tien.
Je vomis sur ton âme, tu craches sur mon cœur. Cette organe de merde pleure. C'est plus fragile qu'une fumée de cigarette au milieu d'une tempête. Plus fragile que ce miroir fissuré qui reflète nos visages inertes, sans expression, sans sentiment, sans rien. Rien d'autre qu'une envie perdue de se sentir vivant. Fais couler le liquide, j'inhale le tabac. Regarde-nous, regarde-toi. Deux rois de l'errance, sans autre couronne que celle d'un visage éternellement inexpressif. Pathétique. Romantique ?
« Liberté », souffle l'avorton, sans grande conviction. Charlie ment aussi silencieusement qu'il crie.
Hurle ce mot, je veux l'entendre brûler mes tympans. Je ne veux pas le percevoir aussi difficilement, comme si il ne voulait pas de moi, comme si tu ne voulais pas de moi.
L'avorton au jolie reflet est aussi libre qu'un oiseau qui ne sait pas voler. Aussi triste à regarder qu'une chanson qui te bouffe l'âme jusqu'à t'empêcher de respirer. Et si au fond, l'avorton n'était pas même digne d'être aimé sans cette tristesse qui l'habitait. Cette tristesse qui l'empoisonne, le sauve et le détruit. « Et toi, Phoenix, j'admets apprécier t'enfermer ».
Ne prononce pas mon nom, connard. Je t'en supplie, prononce-le. Prononce-le vraiment. Comme si l'avorton, tout au fond de son cœur en béton, avait des sentiments.
Les cheveux du Phoenix, souriant dans sa cage dégueulasse, se tire et le blesse. Sa gorge paraît s'ouvrir sous la pression de l'avorton. C'est pas vraiment de la violence, quand la blessure est désirée. Juste une façon médiocre et désespérée de s'exprimer. Il attend la morsure, il l'attend avec désir et peur. Quelques frissons se propagent. De manière parfaitement égale, l'intégralité de son corps lui demande de s'enfuir et de rester. Alors l'intégralité de son corps devient incapable de bouger. Petite chose qui voit si bien les ficelles au-dessus de ses membres, appréciant chacune d'elles avec une haine solennelle.
Regarde Charlie, ces ficelles, tu les as, toi aussi.
L'avorton se tord, tombe et secoue son corps. Tu peux crever, promis, je te regarderai. Des injures, des prières, juste des mots qui volent dans l'air et s'écrase aussi vite sur un sol s'en retrouvant sali. Les yeux de Phoenix s'écarquille, lentement, il n'en a pas envie. Il veut écraser son pied sur le crâne mouvant de Charlie, mais ses actions s'y opposent. C'est comme sacrifier sa vie pour le méchant de l'histoire, sacrifier sa vie pour celui qui ne veut pas être sauvé. Naïf à en crever, quand le cœur ne pleure pas, il fait forcément pleurer.
Souffrir pour survivre. L'avorton doit avoir mal, si il ne veut pas mourir. Il aura mal aussi, si il veut en finir.
Baisons dans cette cage, puisque le ciel ne veut pas de nous.
Tout est noir. Je ne vois plus rien. Arrête de crier. Je n'entends plus rien. Ferme-la. Ta gueule, je te dis. Je veux réfléchir. Tu m'envahis. Casse-toi. Pars pas.
J'avais ce couteau dans l'estomac, je le sentais qui s'agitait à chaque fois que je te voyais. Maintenant, lui aussi, je le vois. Il est en toi.
Phoenix a les mains rouges, ça dégouline jusqu'au nombril de Charlie. Les yeux s'écarquillent, la musique continue, mais elle est plus silencieuse qu'une église à minuit. Une larme chatouille la joue droite de l'oiseau meurtri. Il pose les yeux sur ses mains tremblantes, noyées d'un sang atrocement foncé. « Je... putain, Charlie... Je les ai tués ? ». L'oiseau sort de sa cage, et prie déjà pour y retourner. « Ces insectes... merde... tu criais... je voulais pas... ». Sale lâche.
Tu sers sa main avec force, ta peau et ses tatouages ne sont plus qu'un océan de sang. T'arrives même pas à pleurer, t'es comme lui, juste un peu plus vivant. Tu poses ta tête près de la sienne. C'est ton corps qui l'a décidé, le reste n'est plus capable de penser, d'agir, de te sauver. Tu entends sa respiration hésitante, persistante, qui ne permets en rien de te rassurer. Ici commence un moment d'une douloureuse éternité.
Et si tu crèves, connard. Si tu t'envoles là-haut, ou que tu tombes en bas. Si...
Je t'en supplie, ne fais pas ça. Pas sans moi.
Revenir en haut Aller en bas
Charlie Weiss

Charlie Weiss




Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix EmptySam 4 Fév - 21:41

La douleur est fulgurante, acide et presque enivrante. Charlie oublie de respirer, il regarde l’homme qu’il a emprisonné se défouler. Et c’est beau. Horriblement et terriblement beau. Un gouffre sans fond et sans failles, se creuse dans son ventre sale. La lame s’enfonce, il croit un instant l’entendre crisser sur des os d’ivoire. Saillants sont les bouts nacrés qui composent son squelette désarticulé, ils soulèvent sa chair et l’étendent telle une toile fine et délicate recouvrant ses poisseux organes. Aucune résistance, il accueille le supplice l’air hagard. Sans expression particulière, si ce n‘est une lueur de folie amoureuse. Il est dingue de l‘être, et il se laisse manipuler aussi facilement qu‘un pantin sans teneur, sans vigueur, sans dessein, sans avis. Ca a le don de calmer la terreur et la rage de l’enfant perdu. Il le détruit.
Nouveau soupir.
Il halète une fraction de seconde, et gémit inconsciemment. Plus de cri, plus de délire insoutenable. Le cerveau est actif. L’esprit vif est redescendu sur Terre. Et la souffrance qui palpite au milieu de son bedon chaud, le fait s’effondrer immédiatement sur le sol dur et déjà humide de sa substance. Rouge écarlate, nuances purpurines et délicieuses. Le fluide est épais, onctueux et doux. Il envisage de se rouler dedans, d‘en badigeonner le visage et les courbes de son maudit aimé. Aimer ? Il ricane. Il glousse, et tousse ensuite. Des gouttes coquelicots se déposent sur le coin de sa lippe. Son torse s’ouvre, pareille à une fleur fanée dont les pétales s’écartent sans pudeurs et dévoilent le noyau sensible. Le pistil est pourri. Une plainte s’extirpe d’entre ses fines lèvres, les morceaux de viandes sont gercées par trop de fureur et d’excès. Les prunelles bleues de l’affreux chérubin roulent dans leur orbite respectif. Pour revenir vers cette tangibilité exagérée, la réalité. Le faciès de son obsession contraste avec la noirceur de l’appartement, qui soudain lui apparait. Une flaque de ténèbres, et deux iris qui le toisent et le jugent, qui le scrutent et une inquiétude s’y dissimule. Charlie détourne ses prunelles vitreuses, ne souhaitant plus distinguer sa déchéance à travers celui qu’il cherche et convoite ; sans désirer se l’avouer.
Une grimace se dessine doucement sur la frimousse adorable du junky. Cernes violacées, qui ne ressemblent qu’a de vagues ecchymoses, griffures opérées par les ongles de ses doigts longilignes. Les infâmes pattes se sont frayées un chemin dans l’épiderme fragile, à la couleur cadavérique. Hallucination précoce, la raison de ce petit Charlie s’évanouit au fil des heures ou des jours. Les mois ne sont plus perspective d’avenir. Charlie agonise. La lame reste enfoncée, elle adore et raffole surement de la tiédeur offerte par l’organisme du mourant. Et l’enfant dorénavant soumis à la gravité du monde, suffoque. Il cherche son oxygène et s’arrête. Recommence et se stoppe. C’est difficile, compliqué, ça lui donne la nausée.
Et les frissons lui parcourent l’échine, remonte de son épine dorsale, pour courir et s’enliser jusqu’à l’élégante courbure de ses hanches étroites. Le regard s’écarquille. L’incompréhension demeure. Et le pourquoi, ce stupide pourquoi, lui brûle la bouche. Un besoin de savoir, un besoin irrépressible de comprendre, de saisir l’acte cruel. Il l’a désiré, autant qu’il a redouté le moment où il se produirait. Et Phoenix a fait son choix. Il a agit, il a opéré d’une manière des plus exquises. La vie lui coule sur les mains. Ses jumelles menottes pressent les ouvertures, elles tentent de faire remparts et d’empêcher le sang de dégouliner et de sortir de son organisme malade. Le son que crachent les hauts parleurs lui donnent mal au crâne, et il plisse ses paupières. Le crâne se fissure, Charlie a peur qu’il éclate. Les fragments pourraient blesser la fatale tentation qui le surplombe. Il n’en a pas envie. Pas comme ça. Pas maintenant. Une main se soulève mollement, la paume est maculée, vermeil. Charlie essaye de le repousser. Il est interrompu dans son mouvement, puisque la chimère prend la parole, tandis qu’une odieuse larme percute sa pommette saillante. Salope. « Je... putain, Charlie... Je les ai tués ? » Demande Phoenix. Charlie reste silencieux. Tuer qui ? Il ne sait plus. La douleur lui vrille la cervelle, lui occulte tout, sauf ce malaise et cette incapacité à se servir de ses membres correctement. Flasque, mou, lointain. Ils sont lourds, informes. « Ces insectes... merde... tu criais... je voulais pas... » Panique. Il sent ce serpent infecte farfouiller en lui, en eux. Il flanche. Ses défenses se démolissent et l’innocence candide et terrifiante se divulgue aux farouches prédateurs. Pardon. Voudrait t’il couiner, sauf qu’il n’en a pas le courage, et la force lui manque. Ca ressemble à ça, la fin ? Pour de vrai ? Incrédule, le gosse attend. Ce n’est pas si effroyable, finalement. Non. Non. Il refuse de se laisser emmener, il quémande encore un peu de temps. Un tout petit peu de temps. Il ne veut pas encore s’en aller. Il ne veut pas risquer d’être séparé de son reflet; Il l’a trouvé. Il en est sûre. Il a trouvé le miroir pur, le miroir qui l’enchante. Le miroir qu’il veut autant briser que garder intact, qu‘il veut conserver jalousement. L’être s’accroche.
Sa main qui serre la sienne, sentiment étrange et inquiétant de sécurité. Charlie respire péniblement, il a l’impression de se noyer. Son reflet s’approche et se calle tout contre son corps. Il le contemple, tourne la tête pour ne pas le perdre, pour s’assurer qu’il ne s’évanouira pas. Mirage ou fantôme. Jamais. Jamais. Promets. « Promets… » Il hoquète, et un filet rosâtre s’écoule sur sa joue. Bave et sang mélangés. « Disparais pas. » Un ordre ou une supplication. Impossible de le définir avec certitude. Sa phrase se transforme en écœurant gargouillis. Il fronce les sourcils, et appuie plus fort de sa main libre sur les entailles qui imbibent généreusement son teeshirt. L’arme est encore plantée. Il s’interroge. Qu’est-ce que ça fait si je la retire ? Un geyser ? Une effusion ? Une fontaine rubis ? Ses phalanges se crispent sur celles du criminel enchainé. « Phoenix… » Un murmure. « Phoenix. » Il répète, plus fort. Car la vision se floute par intermittence, l‘image change. Se distord. « Phoenix… Phoenix disparais pas. Disparais pas. Pardon. Disparais pas. Pardon, pardon. » Charlie pleure. S’étrangle et chiale. Pitoyable mannequin, ravagé. Candide gamin, terrifié par ce monstre affamé, qu’il suppose approcher de lui. D’eux.
Un chuchotis, prononcé comme un secret entre les sanglots. « J‘veux pas… Jveux pas qu’il te prenne. » Incongru, surement. Sauf pour lui.
Qui des deux s’en va. Charlie ne serait le dire. Incapable de stabiliser sa fébrile conscience fracassée. Il clôt ses paupières, ne pouvant plus supporter le feu pourtant glacé, qui lui enserre et ligote le corps. Le minois se fait peindre d’un maquillage. La laide agonie bafoue la splendide vénusté de l‘ange camé. Il grelotte, les nerfs se tendent. « J’veux pas… la retrouver. Pas tout de suite. J’veux rester avec toi. Encore…Encore un peu. Dis lui… Dis lui. Dis lui. » Charlie divague et s’enfonce. Le sommeil. Il ne faut pas. Il le sait. Mais la muse qui fredonne à ses oreilles le fait immanquablement plonger. Eva l’agrippe et le tire dans son précipice de néant hurlant.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Somewhere else to lie ; Phoenix Empty
MessageSujet: Re: Somewhere else to lie ; Phoenix   Somewhere else to lie ; Phoenix Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Somewhere else to lie ; Phoenix

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» La décadence du Phoenix.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ENDLESS WALTZ :: UNCONSCIOUS REALITY :: TULANE UNIVERSITY. :: LOGEMENTS. :: PHOENIX WADE.-