sous les pavés, l'histoire → Les vieux racontent que cette interminable avenue a connu tant de passages, tant de personnalités du jazz et de la politique, de la mafia, tant d'événements, glorieux ou sordides, que si elle parlait, elle raconterait assez d'histoires pour garder les enfants éveillés jusqu'à la fin des temps. Le début de la rue est très fashion, bordé de magasins de mode et d'informatique, de jeunes et de familles. Le cinéma du centre ville se trouve dans les premiers numéros, à côté d'un petit restaurant italien qu'aucun fin gastronome ne saurait ignorer. Plus on avance dans la rue, plus on suit le trajet de la ligne 4 vers les docks, et plus on longe d'habitations identiques aux briques rouges délavées. Au bout de l'avenue, des enfants jouent au ballon dans les rues, des vieux sirotent du Coca sous des parasols, casquette de baseball protégeant leurs crânes presque chauves.

bus jour et nuit → Cinq lignes de bus traversent la ville, du centre jusqu'aux docks, quartiers les moins fréquentables. Les horaires de journée sont 7h00 pour les premiers départs, 21h00 pour les derniers. Les noctiliens traversent le centre de 21h00 à 00h00 en semaine, 01h30 le samedi soir, mais le bus qui va jusqu'aux docks arrête à 22h00 la semaine et le samedi soir, pour éviter les agressions injustifiées des chauffeurs. Les lignes 1, 2, et 3 traversent le centre, la 4 amène jusqu'aux docks, l'endroit le plus éloigné de la ville, et la 5 monte en périphérie, dans la campagne bourgeoise. Il existe également des bus qui partent de Garden District pour se rendre dans des villes voisines, y compris la plage, à quelques kilomètres. Les jours de soleil, ils sont remplis de jeunes.

disquaire → Et sûrement le meilleur de la ville. Le bordel total, le souk, l'apocalypse bien méritée. Chez Ron, t'as des affiches de concert qui recouvrent les murs, des cds dans tous les coins et même de vieilles mixtapes qu'on n'aurait jamais cru voir de vie d'homme. Dans les tiroirs de Ron, tu trouves aussi des films pornos et des magazines cochons. Un peu de marie-jeanne, pour la forme. Ron, il ne fait de prix qu'aux personnes qu'il connait, les autres n'auront qu'à aller plonger dans le bac des « occasions ».

supermarket → Le plus grand et le plus fréquenté de la NO. Pourquoi? Les prix y défient toute concurrence. Bon, la qualité n'est plus ce qu'elle était, c'est certain, et mieux vaut éviter d'y acheter sa viande quand on prend un soin précis de sa prévention sanitaire, mais les étudiants et familles pauvres ou économes s'y bousculent. Néons blanchâtres, musique d'ambiance digne des ascenseurs des pires buildings commerciaux de Manhattan, les caissières font la gueule et évitent de répondre à votre « bonjour », si jamais vous prenez la peine de le dire. Le Woolworth's a déjà connu de nombreux braquages, mais le magasin s'en remet toujours: tant qu'il y a des clients, il y a de l'espoir.

bobo-land → Les étudiants les plus posh de la Nouvelle Orléans se pressent entre les murs du Café Istanbul. La jeunesse dorée vient prendre sa pause/pose entre deux séances d'U.V, shopping, ou cours à moitié suivi autour d'un Longo noir et sans sucre. Après avoir siroté un cocktail Mai Tai, James balance ses quinze dollars sur la table, en balançant qu'il espère que, dans un avenir proche, plus personne ne crèvera de fin en Afrique. Bobo pseudos humanistes argumentent face à d'autres gosses friqués et assumés. Entre nous, qu'importe les salles composant ce grand café aux allures vintage, rien ne le différencie des autres pubs du quartier ; mis à part le prix.

asile désaffecté → Littéralement, la maison hantée. Idée véhiculée par une foule de personnes respectables et respectées, qui rêvent secrètement de voir ce lieux rasé. La Haunted House accueille les jeunes désœuvrés, qui préfèrent venir crever en meute que sur les bords des trottoirs. Ancien asile d'aliénés désaffecté, déserté au début des années vingt, on trouve plusieurs chambres, munies de matelas rapiécés, le papier peint à moitié arraché. Paraît que d'belles romances dégueulasses ont trouvé leurs origines sur les canapés à moitié défoncé de la salle principale. Tourne un peu plus à droite, et tu trouveras l'escalier menant à la cave. Ancien entrepôt, les jeunes ont balancé les meubles pour en faire un terrain immense de danse, de baise crue, de défonce. La Haunted House est connue pour ses raves, dont les dates sont balancées par le bouche à oreille uniquement.