psychedelic boum → Squat ; exil hallucinogène. C'est infâme, répugnant, macabre. Vous entrez sans problème, les débris comateux captent strictement rien. Vous pourriez tirer une balle en plein cœur d’un de leurs gosses illégitimes, qu’ils en riraient. Bienvenue au royaume des allumés, où les macchabées dopés jusqu’à la moelle enfoncent leurs putains d’existences dans la fange (in)humaine. Putain, ça chlingue ici, et ouais, un cadavre doit certainement se décomposer à côté de vos pompes. D'où ils sortent tous ces malades et leurs seringues ? Ils sont réels ? Ou plutôt : ils connaissent la réalité ? Sont-ils absorbés par l'Imaginaire ? Quelle est cette drogue en intraveineuse ? Elle ne ressemble à rien. Ni à la Black Meat. Merde. Le liquide est vermeil, c'est du sang, bordel ? Vampires défoncés ? Non. C'est juste propre à l'endroit, c'est juste fait pour l'endroit, c'est juste fait pour eux. Eux qui crèvent lentement sous vos yeux exorbités. Vous avez deux solutions. Soit : vous fuyez, loin, vous ne savez pas comment, vous ne savez pas où aller, mais vous dégagez, surtout, partir. Soit : vous acceptez la proposition bénévole du mec débarqué de nul part. Qu'est-ce qu'il fout là ? Qu'importe. C'est comme si vous saviez vous shooter, vous injectez ce venin rougeâtre, (trop) gentiment offert par l'ectoplasme dorénavant envolé, vous brûlez vos putain de veines. Implosion, au bord de l'abîme, que se passe-t-il ?

badtrip → Les éclats fluorés assaillent vos pupilles dilatées. Une explosion de couleurs dingues. Palette improbable, le peintre est névrosé, fuck. Vous chialez, intérieurement, vos larmes d'acide brûlent vos tripes. Vous flippez. Cette mélodie transcendante menace votre âme, elle hurle à la damnation psychique, connerie. Étrange mélange de Comic Strip, psychédélisme, et folie artistique. Ce bar n'est pas accueillant. Ce bar n'est pas fait pour vous accueillir. Et pourtant, vous êtes là, accoudé au sinistre comptoir, sur cette putain de chaise haute, elle tangue dangereusement. Aucune crainte, vous délirez ; le contraire est impossible, les meubles ne bougent pas d'eux-mêmes. Que dalle. Le bar est vivant, il respire, il vaque à ses occupations – Votre sort ? Il s'en branle. L'eau n'existe plus, remplacée par cet alcool douteux, serait-ce de l'absinthe ? Il ne vaut mieux pas chercher à comprendre le pourquoi du comment, le barman avec son rire de hyène et sa gueule… De hyène, certes, vous fixe d’un œil suspicieux. Avalez ce poison des Dieux, puis recommander, avaler, recommander, avaler, crever. La clientèle est bestiale. Le mec à votre gauche est un lézard, vêtu tel un homme, se comportant tel un homme, parlant tel un homme... Mais c'est un énorme lézard, putain, il ressemble à un dragon, c'est quoi ce bordel ? À droite, votre nana, c'est le même schéma. Un espèce de chien, ces énormes clébards, un Terre-Neuve. Bizarrement, elle vous inspire plus rien de charnel, mis à part, éventuellement, lui gratter le cou afin de lui faire taper de la patte. Elle vous fixe d'un air étonné, indécis, et vous jette en pleine gueule : « T'es un putain de lama. »

the nonexistence's abyss → L'immensité bleue. Vous ne savez pas comment vous êtes arrivé là, dans ce fichu lac, sauf que vous y êtes, et bordel, impossible d'en réchapper. Aucun risque de noyade, vous respirez, êtes-vous un putain de requin blanc ? On se le demande. Mais c'est simplement ainsi. Vous avancez, il n'y a que cela à foutre, en soi. Marchez dans les abysses, l'eau est claire, et pourtant, les alentours semblent s'assombrir. Il n'y a pas d'orientation possible, tout est vague, flou. L'eau happe votre misérable carcasse plus vous vous enfoncez vers je ne sais où. Besoin irrépressible d’vous égarez, çà et là, quelque part. Votre fichue âme semble embuée. Votre vision se trouble. Où êtes-vous ? Bonne question. Et y'a cette présence, y'a cette créature abstraite, y'a cette bête qui vous fait pressentir le sale quart d'heure. Partir ? Certes. Si seulement c'était envisageable. Elle est là. Vous ne la voyez pas. Juste un bruit. Une odeur. Une ombre. Rien de tangible. Qui sait, vous déraillez peut-être. Votre esprit se flingue avec des illusions cauchemardesques. L'inconscient suicidaire. Merveilleux. Ou alors, tout ceci est vrai. Elle est bel et bien là. L'incohérence des abysses, néant aquatique. Personne n'a jamais su ce qui s'y trouve. Si elle est seule ou accompagnée, s'il y a d'autres choses oubliées de tous dans les profondeurs du lac. Personne n'a jamais su, puisque personne n'en est jamais revenu lucide.

welcome to the jungle → Noir et humidité. C'est dans les moments où on a le moins envie de se paumer qu'on se retrouve à errer dans une forêt brûlante et trempée. De l'eau croupie bouillonne un peu plus loin, ces putains d'insectes aussi gros que des rats me foncent dessus et s'explosent contre ma peau, y creusent des cratères incandescents. J'me fraye un chemin dans cet enfer ténébreux, les cris des oiseaux de nuit tendent les poils de ma peau, les cheveux de ma nuque comme des fils électriques. Peur. Un cheval transparent surgit de l'ombre et me fixe de ses grands yeux pleins de fumée. Je cligne des yeux, il disparaît. Encore une blague de ce genre et je me chie dessus. Odeurs d'eau croupie et de transpirations. Plus j'avance dans ce labyrinthe velu, plus je m'enfonce dans les entrailles chauffées à blanc de la terre. L'impression de marcher des siècles, la peau dévorée par les insectes volants aux ailes d'argent, caoutchouteuses comme des capotes. Au cœur battant de la jungle, ente les larmes des saules pleureurs et la bave des cailloux collants, des centaines de niches creusées dans les troncs des arbres géants, c'est une gigantesque ruche de bois, je gratte l'écorce de l'ongle, arrache un bout, l'arbre hurle à la mort. Pas de ciel pas d'étoiles, perdu dans les bras de la forêt vierge prête à tout pour défendre son honneur.