maison → Une petite maison tranquille, qui ne s’embarrasse pas de décorations inutiles. A l'intérieur comme à l'extérieur, tout est propre, net, rangé comme si personne ne vivait vraiment là. Quelques croix ici et là, mais pas de tableaux, ni de photographies. Les couleurs sont neutres, oscillent entre le beige et le blanc cassé. Rien n'est trop grand, ni trop petit. C'est un juste milieu, un parfait équilibre dans chaque pièce, et on en viendrait même à douter qu'elle fut jamais habitée.

maison → La demeure de son père comprend deux chambres anormalement spacieuses alors que la salle de bain, la cuisine et le salon sont passablement trop étroits. Cette maison est tout simplement mal répartie et manque cruellement de lumière. Qu'importe la pièce, les murs sont d'un blanc "nicotine". Aucune décoration n'orne les meubles si ce n'est les vestiges photographiques de l'ex-femme de l'alcoolique. Elle peint les murs de toutes la maison. Bref, elle n'a pas le mérite d'être chaleureuse. Elle n'a pas non plus la prétention d'être accueillante. Elle est froide et sans saveur, un peu à l'image du propriétaire de sa fille.

manoir → Aussi appelé le "V", le sublime bâtiment est situé à la limite de la ville, là où les regards se perdent et où même les plus téméraires craignent de s'aventurer. A deux doigts d'être classé monument historique, son architecture est tout à fait particulière : 158 pièces dont 33 chambres et autant de salles de bains, 11 cheminées, un terrain d'une dizaine d'hectares ... Et, petites particularités ayant longtemps fait la fierté de Vaughn père, quelques bizarreries singulières comme des portes sur le vide, des escaliers qui mènent vers le nulle part, des pièces avec meubles collés au plafond, des fenêtres sur le sol... Merveilleux hommage à la maison Winchester de Californie que l'on dit hantée. Mais le "V" a ses propres fantômes, son propre monstre. Seule l'aile ouest du manoir est occupée par l'actuel propriétaire, néanmoins, le reste de la demeure accueille régulièrement galas, fêtes et sauteries en tout genre...

maison → Une petite maison typiquement coloniale qui parait inhabitée, presque laissée à l'abandon. Le portail rouillé a connu des jours meilleurs tout comme le jardin, envahi de chiendent et d'herbes hautes. Si l'on prend la peine de pousser la porte de la demeure, on découvrira une enfilade de pièces et de couloirs vides, dérangés dans leur solitude par quelques meubles recouverts d'immenses draps blancs. Seule une chambre semble posséder une once de vie, au vu du bordel sans nom qui l'inonde. Partout s'entassent restes de plateaux-repas, feuilles de papier griffonnées, bouquins d'informatique, de mathématiques, cartes graphiques, disques durs, cartes-mères et autres composants électroniques, échoués sur une plage informe de fringues. Seul le coin nord-est de l'antre est dégagé, occupé par un immense bureau qui accueille lui-même trois écrans, autant de claviers et deux tours de taille considérable. Le propriétaire des lieux n'est qu'une silhouette fantomatique, tapotant nuit et jour le plastique fatigué.