note : si vous désirez faire un double de Charley, libre à vous, juste envoyez moi un mp, elle est initialement seule dans ce sujet, mais j'suis ouverte à toute proposition

Tu cours, sans t'arrêter, mais tu sais pas si t'avances où si tu recules, tes pas ne font même pas de bruit, ton souffle ne s'entend pas non plus, c'est le silence angoissant, l'impression d'être devenue sourde. Un peu plus, et tu ne t'entendrais plus penser. Un demi-tour ? Putain, la feinte, t'as beau te retourner et te contorsionner dans tous les sens, tu vois la même chose, partout encore. Du blanc, sans bruit, sans odeur, sans vie. Tu t'flinguerais bien ma belle, mais on sait qu'ici, tu trouveras jamais d'arme. T'es seule, livrée à toi-même, pour l'éternité. N'est-ce pas tout ce que tu as toujours voulu ? La paix ? Et maintenant, tu paniques, tes muscles se tordent dans des efforts, tu tomberais, tu ne t'en rendrais même pas compte. Mais tu le fait, maladroite, si tu étais la faucheuse, tu tuerais celui d'à côté. Et finalement, tu t'prends la tête entre les mains, et tu es prête à te faire surchauffer. Est-tu prête Charley ? Hein ? Est-ce que je suis prête ? Fais face à la réalité, à toi-même, à moi-même.

C'est l'enfer. Peut-on mourir quand on est damné ? Putain, j'suis condamnée à l'ennui, la sentence est tombée, il n'y a rien, je ne vois rien, je n'entends rien. C'est le vide, ça me désespère, j'ai pas pensé à mes cigarettes. Si je cris ici, personne ne va entendre, mais moi, est-ce que je m'entendrais ? Forcément. Le diable entend tout. Le diable est dans les enfers. J'entends tout ici. Je suis dans mon propre enfer. Je suis mon propre diable. Leopold von Sacher-Masoch et Donatien Alphonse François de Sade ont eu un enfant mal-formé, j'suis le produit de ces deux déficiences psychologiques. Sadique avec soi-même, en être heureux, putain de masochiste, les deux combinés font de moi la personne la plus comblée dans ce vide profond et complet. J'me retrouve face au pire virus de la race humaine, le plus vicieux, soi-même. J'vis dans les cieux de mon cerveau. Ici, je pourrais me découper en pièces, si les moyens étaient à ma portée, mais il n'y a rien. Le plus suicidaire d'entre nous en deviendrait fou, à prier à genou qu'un Dieu qui n'existe pas nous arrive devant les yeux. Dans cette position, tout ce qu'on pourrait faire, c'est lui sucer la bite. On devient la putain de sa propre croyance. On devient notre putain. Le seul regret d'un égoïste pur est qu'il ne peut pas se baiser lui-même. Il n'y a pas de soleil ici, je n'ai pas d'ombre, je suis l'ombre, je suis le néant et le tout, c'est magique et magnifique. L'angoisse existentielle a disparue, je suis seule, mais je suis au plus profond de moi-même car plus rien ici ne peut interférer dans mes pensées. Pas de drogues, pas de nourriture, pas d'autre, juste moi et le vide. Fantastique. C'est sans doute la folie qui me guette dans une overdose de blanc, tant de pureté me donne mal aux yeux. Le rire de la démence m'attaque comme une attaque en plein cœur, étouffé par le silence, ça fait vibrer les organes, plus fort que moi, c'est l'ironie qui me possède. C'est l'aliénation qui me relève, je vais marcher, sans me demander si je dois prendre à droite où à gauche, aucun choix, aucun chemin à prendre ou dévaloriser, je marcherais jusqu'à l'infini. L'infini de la déraison.