ENDLESS WALTZ
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 Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|

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Syrie Torbjorn

Syrie Torbjorn




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MessageSujet: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyMer 28 Déc - 21:26

J’ai toujours pris parti de dissimuler mes plus profondes angoisses. Avec aisance, je me terre dans des silences mesurés. Mes traits figés, mes prunelles ternies, mes gestes maîtrisés et mes manières prudentes ne me trahissent que rarement. Aujourd’hui, pourtant, je fais les cent pas dans mon salon. Je le traverse inlassablement, espérant reconnaître le pas titubant de mon père dans le hall d’entrée. Deux jours. Deux jours qu’il s'est absenté et que je me nourris uniquement de pizza. Deux jours que je l’attends désespérément. Non pas que je puisse lui confier mon anxiété ou lui conter mes cauchemars. Non. Jamais il ne s’emploie à m’écouter. Il manque cruellement de sobriété. Il manque de lucidité. Elle s'égare bien trop souvent dans son ivresse. Je dois bien l'admettre, mes sentiments à son égard sont contradictoires. Souvent, je le déteste pour sa faiblesse. Parfois, je l’aime pour sa noblesse. Sa noblesse de cœur. A ses amours perdues s’acoquine sa déchéance. C’est d’une tristesse sans nom. Je crois, qu’au final, j’ai pitié de lui.

Lassée de tourner comme un lion en cage, j’entreprends de ranger et faire les poussières. J’allume également quelques bougies pour réchauffer l’atmosphère sinistre de ce début de soirée. Chez moi, l’air est accablant. L’ambiance est oppressante. Alors, mes inquisitrices prunelles caressent la trotteuse de l’horloge familiale. Depuis mon retour des cours ne s’est précisément écoulé qu’une heure. Trois-mil-six-cents tiquetés nécessaires à l’homme psychologiquement blessé pour pousser la lourde porte d’entrée de notre maisonnée. Elle n’est pas bien grande. Elle n’a rien de chaleureux. Quelques bougies n’y changent rien. Leurs flammes vacillent. Mon père tousse. Je m’approche à tâtons de l’arcade, je lui demande où il était. Il me marche sur les pieds sans un regard, sans une réponse et, de rage, j’enfile ma veste par dessus mes amples jeans délavés. Sous le joug du désir de m’enfuir, je m’en vais. Je m’en vais me réfugier ailleurs. Un ailleurs où je ne suis pas forcément la bienvenue mais où, finalement, j’existe un peu. Certes, pas de suite. Et certainement pas de la meilleure façon qu'il soit mais, je m'en contente. Je préfère une étreinte sauvage au désintérêt glacial du chef de famille.

***

Alternant marche salutaire et voyage en métro, j’ai traversé la ville jusqu’au squat de Reno. La distance est longue mais, j’arrivai à bon port plus vite que je ne l’aurais cru. Sans doute avais-je calqué mon pas sur la cadence effrénée de mon cœur. Dans ma poitrine, il bat fort. Il bat vite. En toute sincérité, j’aurais aimé que mon émoi s’apparente à de la peur. Vraiment. Foutaise. A chaque rencontre se répète le même scénario trop malsain pour ma fragile candeur. Et pourtant...pourtant, je ne le crains pas. Je devrais. Je n’y arrive pas. Quelque fois seulement, je songe à faire demi-tour. J’y songe. Oui. Mais j'oublie rapidement. Toutes mes promesses sont vaines. Sous les assauts violents de cet insidieux besoin, elles volent en éclat. Seule, je me jette dans la gueule du loup et je déteste ça. Je le déteste lui. Malgré tout je lui reviens toujours, au mépris de ma santé mentale et de mon intégrité physique.

Bientôt, je frapperai à la porte de son lugubre logis. Il en ouvrira la porte et j’y entrerai sans le saluer. La politesse n’a pas de place entre nous. Puis, j’ôterai ma veste. Je la déposerai là, à même le sol, juste à côté de ce matelas inconfortable où je m’installerai sans invite. Je l’observerai de mes grands yeux et, s’il me regarde à son tour – rien n’est moins certain - je chercherai vainement dans son regard quelques trésors délaissés. Je n’y trouverai rien. Rien d’intense. Rien de concret. Aucun désir. Aucun plaisir. Néant. Alors, suspendue à ses lèvres, j’attendrai un mot, une remontrance, peut-être même une insulte. N’importe quoi. Je m’en fous. Je veux juste être certaine qu’il a remarqué ma présence. J'essaierai même parler. Discuter. En apprendre davantage sur lui que son prénom mais, je ne saurai quoi dire. Ainsi, je troquerai mon désir contre un indiscret soupir et, mal à l'aise, je m’accrocherai fermement à son silence.

Oui ! Bientôt, je frapperai à la porte de son lugubre logis après avoir fermé les derniers boutons de mon noir chemisier ; après avoir inspiré longuement ; après m'être décidée à agir, au bout de cinq interminables minutes à hésiter devant la porte.

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Reno Sterv

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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyJeu 29 Déc - 1:15

________________________
RENO'S SQUAT
RENO&SYRIE
¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯

(je posterais la musique demain).

J’crach’rais bien à la gueule d’ce putain d’ennui qui vient ruiné ma journée. J’le chop’rais par le col et lui tordrait l’cou jusqu’à c’qu’il m’supplie d’le lâcher, jusqu‘à c‘qu‘il soit prêt à être totalement soumit pour qu‘j‘arrête d‘le lyncher. Et j’l’enverrais s’faire foutre. Sauf que l’ennui, ça s’attrape pas, pas ent’les doigts. C’pire qu’la fumée d’cigarette. Même si t’voudrais bien, t’peux pas la chopper, elle t’glisse des mains et t’y peux rien : même s’tu refermes tes doigts, ça changera que dalle, t’auras qu’du vide entre eux et la paume d’ta main. Tu l’touches pas l‘ennui, tu l’vois pas, mais tu l’sens au fond d’toi comme un démon qui t’hante. T’as pas trente-six moyen d’le vaincre c’lui-là, et si t’en trouve j’me met à g’noux. C’t’un putain d’virus qui s’répend sur toute la ville, et qui t’pourris. Une salop’rie d’maladie qui t’empêche d’bouger parcqu’t’as envie d’rien, juste qu’on t’fasses pas chier et qu‘on t‘laisse poser ton cul là où t‘as envie, sans t‘demander des comptes. Et évidemment, t’as toujours ces abrutis qui viennent t’chercher, comme s’ils fantasmer à l’idée d’pisser l’sang sous tes coups. On peut t’proposer tous les plans possibles, t’vas envoyer les gens sur les roses et t’attendras, comme un con, qu’le temps passe. Il passe pas, l’enfoiré. On dirait même qu’il s’arrête, juste pour t’faire un peu plus chier et t’faire comprendre qu’t’as aucune emprise sur lui. Il t’nargue jusqu’au possible et fait d’ta journée une éternité. Bordel, qu’c’est long, l’éternité. Et merde. J’la sens roder, accrochée dans l’air. A l’affut. C’te salope de lassitude. Elle m’force à rester cloitré sur l’matelas troué et sale, à fixer l’plafond. Quand c’est comme ça, t’sais pas quoi faire et t’semble attendre l’dégèle. Tout seul, comme un con. T’glandes. Alors j’me lève, et j’m’avance vers l’vieux tourne-disque qu’j’ai récupéré j’sais plus où. J’prend l’premier vinyles qu’j’ai sous la main, et j’met en route en sortant mon paquet d’clopes. J’allume avec mon briquet, et j’me laisse r’tomber là où j’me trouvais à peine quelques s’condes avant. J’écoute les Stones qui s’répercutent sur les murs et qui englobent la pièce. Et la routine r’commence, comme une ritournelle, un p’tain d’manège qui r’fuse de s’arrêter et d’me laisser descendre. A force de trop tourner, y t’donne envie d’gerber. Et j’rigole. J’rigole devant l’caractère pitoyable et pathétique d’ma situation. J’rigole comme un mec qui aurait forcé sur les joints. J’enchaine les cigarettes, toujours en fixant les briques qui m’servent de toit. J’les compte, parce que j’ai rien d’autre à faire, et qu’j’ai pas envie d’bouger. (…) Et j’regarde l’réveil qu’j’ai taxé à Tito à l’époque du lycée. La nuit d’vrait pas tardée, j’me d’mande depuis combien d’temps j’ai pas bougé. J’aurais juré m’être affalé au début d’l’aprem et pourtant, l’ciel noircit d’plus en plus et l’apparition d’la lune est imminente. Plus que quelques minutes, et l’squat s’ra rempli d’obscurité si j’me lève pas pour allumer les lumières. L’vieux matelas sur l’quel j’avais posé mon cul est plein d’cendres et mon mégot d’cigarette est toujours coincé entre mon majeur et mon index, alors qu’le tourne-disque marche dans l’vide.

Alors que j’me lève pour tout allumer, j’entends du mouvement à l’extérieur du squat. J’arque un sourcil, j’passe la tête par l’ouverture, et j’vois Syrie entrain d’reboutonner son ch’misier. J’attends, pour voir si elle va l’ver la tête. J’me racle la gorge et j’croise son r’gard. J’détourne pas, j’attends qu’elle le fasse. J’finis par soupirer et j’bouge la plaque de métal qu’j’ai mit pour faire office de porte pendant l’hiver, signe qu’elle pouvait entrer. J’la r’garde faire et mes yeux s’posent instantanément sur sa chute d’reins. J’sais pourquoi elle est là, après tout, j’sais qu’elle veut. Elle sait c’qui l’attend.

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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyVen 30 Déc - 2:39

Bien cachée derrière sa porte factice, je me croyais en sécurité, à l’abri d’un quelconque regard indiscret tandis que, d’une main fébrile, j’habillais mon cou trop décemment pour les modes actuelles. Réflexe témoin de ma vulnérabilité. Conclusion de ma naïveté. Comme si le tissu léger d’un chemisier pouvait suffire à contenir sa folie ? Comme si ce vêtement vaporeux était un rempart acceptable. Une ceinture de chasteté en fer forgé. Bêtises. Fadaises. Tentative fortuite de me convaincre que je ne viens pas chercher un intérêt malsain dans ce squat aussi glauque que la froideur de son regard. Celui-là même qui me surprend en flagrant délit de niaiseries. Celui-là même qui me happe dangereusement. J’en demeure figée. Paralysée. Honteuse également. Je me répète alors comme un péan : « Ne baisse pas les yeux ! Si tu baisses les yeux, tu sais comment ça finira ». Et j’essaie de m’y tenir. Vraiment. J’y mets tout mon cœur, toutes mes forces et toute ma volonté. C’est vain. Je baisse les yeux finalement. Il est plus fort que moi. Physiquement. Mentalement. C’est une vérité générale. Il avait le dessus hier. Il l’aura toujours demain. C’est indiscutable.

Durant une seconde, j’hésitai à entrer. Une toute petite seconde cependant. Déjà, je foule le sol du cet insalubre endroit empestant le tabac froid, le renfermé et l’ennui. Rien de moins oppressant qu’au cœur de mon foyer. Rien de plus chaleureux. J’ai alors pensé « Qu’est ce que je fous là ? » mais, je n’ai pas trouvé de réponse valable à cette question. J’ai donc soupiré pour me détendre un peu. Suffisamment pour me concentrer sur autre chose. Le tourne-disque par exemple. A défaut de connaître son quotidien, j’ai voulu savoir le genre de musique qu’il écoute. Je me suis demandé s’il était du genre pop ou hip hop et, spontanément, j'ai remis habilement la platine en marche. La voix du leader des stones remplit la pièce aussitôt. Je connais le groupe, vaguement. Pas assez pour reconnaître le morceau. J’aurais bien demandé mais, je n’ai pas osé. A la longue liste d’adjectifs me décrivant, je n’avais pas envie qu’il ajoute : « Inculte » ou « Idiote ». J’ai donc menti et j’ai dit, sans le regarder : « Bon choix. » d’une voix mal assurée.

De bons amis auraient pris des nouvelles. « Quoi de neuf depuis tout ce temps » auraient-ils quémandés à tour de rôle. Ils se seraient mutuellement racontés leur vie, fait semblant de s’intéresser aux déboires et aux habitudes de leurs vis-à-vis pour finalement rire ensemble. Nous, nous étions d’une autre trempe. D’un autre acabit. Du genre inqualifiable. Une fois rentrée chez moi, il n’existe plus ou plus tout à fait. Comme la drogue, il y a la montée et la descente. La première est exaltante, on ne regrette rien. La seconde, quant à elle, est déroutante. Elle fait mal. On se jure qu’on ne nous y reprendra plus mais, une fois les douleurs passées, on flanche. Toujours. Reno, c’est pareil. Je replonge toujours malgré sa violence et nos silences.

Silence. Maudite amie. Grâce à toi, j’entends l’ampoule dénudée qui grésille. Elle va bientôt grillé et, me retrouver dans le noir avec l’homme juste derrière moi m’arrache un frisson. Un mélange d’angoisse et d’appréhension. Le poids de son regard dans mon dos me cloue littéralement au sol. Il est lourd, pesant et me met mal à l’aise. Pourtant, je suis grisée. Pour la première fois depuis ce matin, je me sens enfin exister. Intéressante - plus ou moins - sans avoir à prononcer le moindre mot. Sans avoir à me justifier ou à me vendre. Sans avoir à battre des mains pour qu’on remarque ma présence. C’était bon. Certes, un peu insultant mais sacrément réconfortant. « Mon père est parti pendant deux jours. Il ne m’a même pas regardée en rentrant. » balançais-je tout à trac avant de me laisser tomber dans le matelas. J'étais anormalement concentrée sur mes doigts entremêlés les uns aux autres. Ma réflexion était inutile. Inintéressante. Je le savais pertinemment. Elle n'avait aucun sens. Je lui devinais un but : qu’il ouvre la bouche, qu’il réagisse enfin. Qu’il fasse n’importe quoi. Je m’en moque éperdument. Je ne veux pas discuter. Je vois bien que ce n’est pas possible. Je ne veux simplement pas rester silencieuse. Le silence, c'est le meilleur ami de la solitude et l'amant ardent de l'indifférence. Et je hais ma solitude. Tout comme je hais l'indifférence.
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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyVen 30 Déc - 15:05

J’regarde Syrie avancer en m’adossant au mur, j’la laisse faire. Elle pourrait faire trois fois l’tour du squat qu’ça changerait que dalle à ce qui va s’passer ensuite, et elle l’sait aussi bien que moi. C’est ça, gagnes du temps comme tu peux. J’bouge pas d’un cheveux quand j’la vois s’approcher d’ma platine et pour tant, dieu sait qu‘j‘aime pas qu‘on touche à mes affaires. J’croise les doigts, j’serre les dents pour ma m’énerver, et j’fais gaffe à c’qu’elle fasse pas une fausse manip, même si y a bien une dizaine de mètres qui nous séparent. J’serais assez rapide pour lui exploser l’crâne à terre si elle fait tomber la platine avant qu’elle touche. J’la vois qui l’allume, et j’peux pas m’empêcher d’me demander c’qu’elle veut bien essayer d’trouver en f’sant ça. Parce que j’suis pas con, j’vois bien qu’elle cherche quelqu’chose. P’t’être même qu’elle attend plus d’moi que c’que j’lui donne. Sauf qu’elle risque pas d’avoir quoi qu’ce soit. La voix d’Mick Jagger résonne une fois d’plus, et j’guette sa réaction. A quoi elle s’attendait franchement ? - Bon choix. J’ricane, j’sais qu’elle bluff, j’sais qu’elle connait que dalle c‘groupe, si c‘n‘est l‘nom. Mais j’dis rien, j’la r’garde toujours, sans faillir, parce que j’veux voir combien d’temps elle va t’nir en continuant d’la sorte. Ça m’amuse. J’remarque alors qu’elle me r’garde pas, qu’elle trouve à chaque fois un moyen d’poser ses yeux sur quelque chose d’autres, et ça m’fait sourire. J’me rend compte que j’l’impression vraiment, apparemment, qu’elle a p’t’être même peur. Mais elle revient toujours en d’mander plus, et ça m’fait d’autant plus marrer quand j’vois comment elle s’comporte d’vant moi. Elle s’habille en noir, comme si elle voulait faire plus femme comme, ou j’sais pas trop quoi. A c’qui parait, l’noir amincit. Et vieillit. Mais vu son gabarit, j’doute qu’elle cherche à paraitre plus fin qu’ça, sinon c’est qu’ça d’vient grave. Mais p’t’être que j’me trompe, j’en sais rien. J’m’en fout. J’la lâche pas des yeux, pour plusieurs raisons. Parce que j’surveille c’qu’elle peut bien faire, c’qu’elle pourrait toucher et qu’il faut pas, mais aussi parce que j’sais qu’ça va finir tôt ou tard par la foutre vraiment mal à l’aise, qu’mon r’gard pèse sur elle comme ça, et j’veux pas rater ça. J’cille pas, même pas quand l’ampoule s’met à faire un bruit bizarre, l’prélude avant qu’elle finisse par griller complètement. Après ça, l’ambiance s’ra on n’peut plus lourde, on n’peut plus excitante. J’m’en essuie les mains d’avance à l’idée d’tout c’qu’on peut faire dans l’obscurité, à deux, entre personnes quasi-consentantes. Et dans c’silence presque pesant, j’continue d’la regarder, sans m’lasser. J’la déshabille du regard. Littéralement. J’m’imagine comment elle est en d’ssous d’ses fringues. J’bouge pas, j’reste contre l’mur, j’attends qu’elle fasse quelque chose ou qu’elle prononce enfin un mot, parce que j’sais qu’elle tiendra pas bien longtemps dans l’silence. Bingo. Mon père est parti pendant deux jours. Il ne m’a même pas regardé en rentrant. J’la suis du r’gard pendant qu’elle s’laisse tomber sur l’matelas. Bien, elle a compris où elle devait aller. J’finis par m’mettre à marcher. J’contourne la table, mains dans mes poches arrières, et j’m’arrête d’vant elle. Tiens, assise comme ça, t’es tout pile à la bonne taille. J’affiche un p’tit sourire et j’finis par dire : - C’t’un père. Mais l’problème est pas là. J’sais qu’elle va l’ver la tête alors j’continue en m’mettant accroupi d’vant elle et en plantant mes yeux dans les siens, avec un sourire très léger et en passant mes doigts sur son épaule. - J’te désape ou tu préfères t’en charger toi-même ?
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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyVen 30 Déc - 21:20

Mes considérations musicales doivent cruellement manquer de consistance car il rit. Pas d’un rire frais ou amusé. Non. D’un rire narquois et mesquin. Il tinte à mes oreilles tel un sarcasme méprisant et, je l’avoue, c’est passablement offusquant. Passablement seulement. Je ne m’y attarde pas vraiment. D’un revers invisible de la main, je chasse cette idée désagréable. Ce soir, je n’ai pas envie de tenir lieu d’exutoire. Je ne suis pas venue pour ça. Du moins, pas tout à fait. Je crois qu’au fond, étonnamment crédule, j’espère un revirement de situation. Un virage à cent-quatre-vingt degrés. Un changement radical dans son comportement, qu’il m’offre les prémices d’une amitié ou même, un zeste de tendresse. De la tendresse, j’en ai besoin. Depuis le départ de ma mère, elle a déserté ma vie. C’est triste à dire mais Reno, malgré sa notoire violence, ressemble à s’y méprendre à un ami. Un ami ou un amant. Celui qui panse les blessures de mon âme, qui applique du baume sur les bleus de mon cœur, à sa manière. C’est stupide. Humm non ! C’est pathétique. Je n’ai rien à prétendre de cet homme. Rien de charitable du moins.

Reno n’est ni complaisant ni bienveillant. Reno, c’est la force à l’état brut, l’inconvenance personnifiée, l’incarnation du cauchemar des petites filles. Reno, c’est l’ordure qui attire les adolescentes faussement rebelles en mal de vivre. C’est le mauvais type qui aimante les agnelles dans mon genre. Les filles stupides à peine pubères jouant les femmes fatales. Les filles stupides rougissant devant les regards trop insistants. Et elles tremblent, ces ingénues. Elles tremblent de tous leurs membres. Les mains d’abord, les jambes ensuite. Elles flanchent et s’assoient là où il y a de la place. Un lit, une chaise, un appui de fenêtre ou, en l’occurrence, un matelas. Un matelas aussi vétuste que la pièce. Je déteste leur ressembler. Pire encore. Je déteste être l’une d’entre elles. Mais, je dois bien me rendre à l’évidence. Je suis plus que ça. Je suis leur plus digne représentante. Parce que j’attends. J’attends qu’il daigne ouvrir la bouche en sachant pertinemment que c’est impossible. Reno, il restera là, adossé à son mur. Il ne bougera pas d’un cil et ne froncera pas un sourcil. Ce qu’il attend lui ? Je ne sais pas vraiment. Je devine simplement qu’il apprécie hautement ce petit jeu de bourreau à victime. Je suis parfaite dans ce rôle. A trop me mésestimer, j’omets qu’en dehors de lui, je peux exister ailleurs, que j’ai toutes les cartes en mains, que j’ignore seulement où, comment et quand les abattre. Alors, comme je crains que cet intérêt suspect se mue en indifférence, je parle. Je dis n’importe quoi. Ce qui me passe par la tête. Au final, je baisse un peu les armes. Officiellement, je lui parle de mon père, de ses absences, de son ignorance. Officieusement, je lui confie que j’ai mal, que je suis fragile. En fait, je dépose définitivement les armes. Je les pose à ses pieds.

Mon impatience n’a d’égale que cet insinuant malaise qui ne m’a toujours pas quitté. Assise en tailleur sur sa couche de fortune, je me languis de la moindre réaction et du son de sa voix. Mes mains, je ne les quitte pas des yeux. Je ne sais pas quoi en faire. Elles me dérangent un peu. Pas autant que sa remarque cependant. De quel problème parle-t-il ? Une relation si vide que la nôtre ne souffre d’aucun inconvénient. Ce n’est qu’une terre plane sans montagne. Un pays sans culture, sans vestige. Je ne comprends pas et finalement, je lève la tête. « Pardon ? » demandais-je ébahie tandis qu’il s’accroupit juste devant moi. A présent, j’entends mieux son sous-entendu : « J’tire mon coup et puis, tu te barres. Merci et au revoir.» C’est si prévisible que j’en souris. Un sourire à mon image : sans éclat. Fugace également. Ça ne m’amuse pas. Pas plus que cette caresse sur mon épaule. Je dodeline donc de la tête. Elle dit non et, séance tenante, j’ironise : « T’es pas obligé de faire ça tu sais. Tu peux aussi me demander comment je vais, ce que j’ai fait aujourd’hui... » ...Et après, on avisera... aurais-je failli ajouter si je ne m’étais pas mordue l’intérieur des joues.

D'un un geste presque machinal, j’ai reculé. Je me suis appuyée contre le mur. Intérieurement, je me doutais qu’il assimilerait cette remarque comme de l’effronterie. Je ne doutais pas non plus qu’elle l’agacerait. Reno n’est pas réputé pour son sang-froid. Toutefois, je ne regrette pas. Au contraire, j’y trouve un brin de satisfaction où puiser du courage car, je le toise. Je soutiens son regard qu’il sache que cette fois, je ne plaisante pas. Je ne badine pas non plus. Mon refus n’est pas un faux-semblant. Il ne cache aucune affirmation honteuse. Il me reste, visiblement, encore un soupçon de dignité. « Le genre de conneries qu’on se balance entre potes... Toi, t’as fait quoi ? »
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Reno Sterv

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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptySam 31 Déc - 22:40

J’toise un instant Syrie, alors qu’elle se r’cule contre le mur et qu‘elle m‘fixe, limite fière d‘elle. J’sais pas si elle s’rend compte en fait, de ce qu’elle est entrain d’faire ou d’la personne qui est en face d’elle là, maintenant. J’reste là, sans bouger, comme si elle m’avait sortit qu’la fin du monde c’était dans dix minutes. C’est p’t’être l’cas pour elle, après tout. Elle sait bien qu’faut pas m’sortir des trucs comme ça, à moi. J’finis par d’mander à mon tour, limite crédule de c’que j’viens d’entendre : - Pardon ? Ouais, j’sais, ça fait limite comme si elle v’nait dire une grosse connerie, un truc totalement incroyable. Mais c’est l’cas : elle peut pas m’dire ça à moi, t’façon, et elle va vite s’en rendre compte. Du moins, j’espère pour elle. Elle pense vraiment qu’j’suis ce genre d’type, moi, Reno. Que j’fais parti d’ces mecs qui font semblant d’en avoir quelque chose à foutre de c’qui pourrait s’passer dans la vie d’leurs plans cul. Bah elle s’met l’doigt dans l’œil : j’en ai jamais rien eut à branler des autres, et après tout, ils m’le rendent bien les salops. Chacun touche à son cul, et basta. Sauf dans certains cas où, là, j’dis pas, ça m’gêne pas d’toucher l’cul des autres. Mais j’vois pas vraiment c’qu’elle vient foutre ici si c’est pas pour s’faire baiser et r’partir après, parce qu’bon, faut certainement pas attendre plus d’moi. J’remonte un d’mes g’noux et j’pose mon coude d’ssus, tout en continuant d’la fixer, histoire d’deviner c’qui clochait chez elle en c’moment même. J’la vois qui baisse pas l’regard et j’me dit qu’soit elle s’est enfin trouvé une paire d’couilles, soit elle est totalement défoncée. Si c’est pas l’cas, j’me dis qu’elle va bientôt l’être, mais pas à cause d’la dross, plutôt à cause d’moi. Et elle le soutient, son r’gard, en plus. - Le genre de conneries qu’on se balance entre potes.. Toi, t’as fait quoi ? J’ouvre un peu plus les yeux, comme si j’étais entrain d’rêver. Ouais, ça doit être ça, elle agirait pas comme ça sinon. Parce qu’elle sait bien qu’on est pas potes. J’copine pas avec les nanas qu’j’baise moi, source d’emmerdes sinon. J’crois bien qu’c’est dans des moments comme ça qu’on s’rend compte du vrai âge des filles à qui on écarte les cuisses. Y a qu’une gamine d’seize piges pour croire à c’genre de conneries et pourtant, elle, elle avait l’air un peu au d’ssus d’ça, p’t’être plus mature. Quoi que, venir s’faire baiser d’la sorte régulièrement par un mec qu’à presque dix ans d’plus qu’elle, faut pas être très maline non plus. J’finis par baisser la tête, j’la s’coue un peu, et j’me met à rire. Faut pas rêver, pas un rire franc. Même si ça m’fait au final bien sourire d’la voir comme ça. J’finis par la relever et, automatiquement, j’reprend un visage aux traits neutres, quoi qu’limite durs. J’m’approche d’elle, j’me colle au mur moi aussi, et j’fous mon index sous son menton, histoire d’voir si elle va toujours soutenir le r’gard. J’finis par m’radoucir et j’pose une main sur sa joue. J’approche mon visage du sien, et j’lui dis à voix basse : - J’sais qu’t’en as rien à foutre, qu’tu viens pas là pour ça. Et j’redeviens plus dur, j’prend son visage entre mon pouce et mon index, et j’la force à m’regarder. Mais d’une voix toute mieleuse, j’lui sort : - Et puis, la conversation, c’pas mon fort. J’préfère le langage corporel. et j’appuie mes propos en descendant ma main sous son ch’misier.
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MessageSujet: Re: Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno|   Seuls les gens malsains se sentent exister. |Reno| EmptyMar 17 Jan - 21:03

C’est de la provocation. De la provocation gauche et maladroite pour me sentir vivre, me sentir exister. Il ne réagit pas ou à peine. Il me répète avec lazzi ce vocable d’incrédulité. Ce n’est pas ce que j’espérais. Je voulais qu’il me rie au nez, qu’il éclate de rire devant cet accès d’audace, ce semblant d’affront. Demander à Reno d’entreprendre une discussion est s’attendre à croiser le grand amour au hasard d’une ruelle. Je n’y crois plus depuis longtemps. J’aimerais, je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. En fuyant le foyer conjugal, en m’abandonnant sans scrupule, ma mère emporta avec elle mes rêves de petites filles. Je joue alors les adultes. Je fourvoie ma vertu dans un squat lugubre où j’observe l’homme odieux qui me considère durement. Je le déteste. Je déteste ce regard qui me déshabille. Ce regard qui me transperce. Je le hais autant qu’il m’hypnotise. Car c’est bien le mot. Mes pupilles sont suspendues aux siennes tandis que, de sa posture, il m’impose la force de son charisme. Et je lutte.

Je lutte pour ne pas baisser la tête. Je le fixe alors sans vraiment le voir. Je me concentre sur la noirceur de ses yeux comme si j’étais absente, à des kilomètres de lui, à des lieues du french quarter. Mais sa voix m’arrache à cette pseudo-somnolence. Ou plutôt ce rire. Un rire différant légèrement de mon imagination. J’aurais pu sourire s’il n’était pas si près de moi à présent. Assez près pour mon relever mon menton d’un index inquisiteur. Pour un murmure, je baisse la tête. Pour une caresse sur ma joue, j’ai envie de lui dire : « Tu as raison ! Prends-moi tout de suite. Prends-moi mais tendrement » parce que je l’en crois capable ou du moins, trop naïve, je le souhaite vainement. Alors, très vite je déchante. Je ne peux plus lui tenir tête. Je tente de baisser la tête mais il m’en empêche. Entre son pouce et son index se tient un visage rougit. Un visage rougit par l'appétence naissante de l’avoir si proche, si explicite, si paradoxalement enjôleuse comparativement à son comportement. Sa main sous mon chemisier glisse sur ma peau et m’arrache un frisson. Un frisson presque honteux. Je la désirais cette conversation. Je la désirais ardemment mais elle s’en est allée au simple contact de ses doigts sur ma peau nue. Soufflée par un frisson, je fonds déjà et je l’aide même un peu.[/i] « Le langage corporel » [i]répétais-je en feignant la déception alors que je me redresse sur les genoux, m’approchant davantage. Sa bouche, trop près de la mienne, m’attire inexorablement. Ma langue tâtonne subtilement ses lèvres, comme si je demandais l’autorisation, comme s’il s’agissait d’un privilège qu’on n’accorde pas aux filles dans mon genre, comme si j’étais juste bonne à désaper, à baiser et à foutre dehors. Ainsi, je sens les conséquences de ma contradiction : Rester ? Partir ? Lui faciliter les choses ? Prendre ce que je suis venue chercher et me barrer jusqu’à la prochaine fois ? M’en tenir à mon besoin de discuter ? Je n’en sais rien. Je ne sais pas vraiment ce que je veux.

Les affres d’une excitation juvénile me sied déjà au teint. Je n’interromps pas son geste même si, faiblement, tout mon corps proteste. J’aurais juré qu’il pinça légèrement ma peau. Je n’en étais pas certaine. Néanmoins, il n’en fallu pas moins pour que je déboutonne mon chemisier finalement, histoire d’offrir plus d’aisance à son exploration, histoire de dévoiler les prémices de mes indécentes dentelles. Je me suis penchée sur lui. Je l’ai pris par les épaules. J’ai posé mes lèvres sur les siennes en déposant ma main sur la sienne pour que cesse sa progression. Car je viens de croiser ses yeux, indéchiffrables, indescriptibles, froids, gelés, dénués de considération. Parfait contraste avec ses gestes lascifs. Alors, je me contracte et me rétracte. Je n’ai pas vraiment envie. Pas envie de ça. Pas envie d’être à nouveau une poupée façonnable entre ses menottes. Je ne sais pas pourquoi je suis venue. Je n’aurais pas dire. Je le sens. Je le sais. Ça s’imprime dans tout mon corps. J’endosse donc l’apparat d’une girouette. Je tourne insolemment au gré du vent de mes envies, de mes caprices et je dis : « Mon corps ne dit rien. Il n’a rien à dire. En fait, je n’aurais pas dû venir. » en le repoussant vigoureusement, sans brutalité, juste pour me débarrasser de tout ce qu’il est capable d’animer en moi.

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