Laine Rogova ©credits

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WE'RE ALL FUCKING MAD HERE. « Elle n’inspire que solitude. Elle s’appelle discrétion. Les caractéristiques de l’eau lui sied bien au teint. Incolore, ses grands yeux ne sont plus tout à fait gris, plus tout à fait bleu. Ils sont délavés. Elle a bien trop pleuré. Pleuré sur son sort, sur son destin. Sur une vie dont elle rêve et qui ne sera plus jamais sienne. Cette vie inodore. Comme la sienne. Comme elle. Elle est sans parfum, sans fragrance. Rien d’inoubliable. Rien de mémorable. Juste une fille pas tout à fait femme, plus vraiment enfant. Une adolescente insipide. Une ado sans grand intérêt. On la voit. On la remarque à peine. On l’entend mais on ne l’écoute pas. Pour beaucoup, elle n’est qu’un mirage. Pour elle, elle n’est qu’une illusion. Elle en souffre. Dans son miroir, elle se maudit. Elle se nargue, s’aguiche et se défie. Elle se provoque et s’encourage d’être. Elle ne s’intéresse pas. Elle se sent pathétique. Elle n’incarne rien pour les autres. Elle n’existe pas pour elle. Elle ne vit pas. Elle survit. Elle survit et subit, prête à tout pour être considérée, désirée ou aimée...et ce, qu’importe le prix. Syrie. Elle s’appelle Syrie et elle a seize ans. L’âge bête. L’âge con. Elle est belle pourtant. Belle à en crever mais elle l’ignore. Elle l’ignore. C’est indécent. »