Laine Rogova ©credits

Tumblr

WE'RE ALL FUCKING MAD HERE. « Elle n’inspire que solitude. Elle s’appelle discrétion. Les caractéristiques de l’eau lui sied bien au teint. Incolore, ses grands yeux ne sont plus tout à fait gris, plus tout à fait bleu. Ils sont délavés. Elle a bien trop pleuré. Pleuré sur son sort, sur son destin. Sur une vie dont elle rêve et qui ne sera plus jamais sienne. Cette vie inodore. Comme la sienne. Comme elle. Elle est sans parfum, sans fragrance. Rien d’inoubliable. Rien de mémorable. Juste une fille pas tout à fait femme, plus vraiment enfant. Une adolescente insipide. Une ado sans grand intérêt. On la voit. On la remarque à peine. On l’entend mais on ne l’écoute pas. Pour beaucoup, elle n’est qu’un mirage. Pour elle, elle n’est qu’une illusion. Elle en souffre. Dans son miroir, elle se maudit. Elle se nargue, s’aguiche et se défie. Elle se provoque et s’encourage d’être. Elle ne s’intéresse pas. Elle se sent pathétique. Elle n’incarne rien pour les autres. Elle n’existe pas pour elle. Elle ne vit pas. Elle survit. Elle survit et subit, prête à tout pour être considérée, désirée ou aimée...et ce, qu’importe le prix. Syrie. Elle s’appelle Syrie et elle a seize ans. L’âge bête. L’âge con. Elle est belle pourtant. Belle à en crever mais elle l’ignore. Elle l’ignore. C’est indécent. »

Pseudo →

Duma Key

Âge → 23 ans

Présence →

Régulière

Avis

Euh... J'ai probablement dû faire une erreur de ma fiche à cause des codes, parce que je suis nulle avec les codes. Nulle mais alors nulle. j'y comprends rien. Après, je crois avoir déjà dit ce que j'avais à dire sur bazaart.

©TUMBLR

UN BON LIVRE EST UN BON AMI !.Comment une enfant si fragile, meurtrie par l’abandon, peut-il passer des nuits douces et colorées ? Comment puis-je espérer m’éveiller autrement qu’en sursaut alors que l’obscurité réveille mes peurs les plus sombres ? De mes nuits nait toujours ce même funeste songe où je chute. Une chute lente et désarmante. Une chute où j’appelle en vain de l’aide mais où tous m’ignorent. La foule me voit sombrer. Elle me regarde de leurs prunelles amusées mais elle ne fait rien. Rien d’autres que chuchoter ou rire de mon sort. Elle s’en réjouit peut-être un peu. Puis, je me réveille. J’ouvre de grands yeux écarquillés de peur. Tremblante et en sueur, je me redresse difficilement. Dans mes draps trempés, j’ai chaud. Trop chaud. Précédemment, je nageais en plein cauchemar. M’éveiller me soulage et d'une main chancelante, je tâtonne ma table de chevet encombrée d’un verre d’eau, d’un livre et d’une lampe de chevet. Je l’actionne et elle diffuse son agréable lumière, réchauffant l’atmosphère. Je jette un œil inquiet autour de moi. Je m’inquiète d’une éventuelle présence non-désirée. Je tends l’oreille, écoute attentivement. Rien. Pas un bruit. Pas un son. Je peux souffler, reprendre mon souffle. Je suis assoiffée mais que représente ma soif face à ma confusion ? Je bois une gorgée d’eau encore fraîche. La stupeur de mes chimères s’atténue et j’espère un instant n’avoir alarmé personne.... Qui, après tout !

Adossée contre le montant de mon lit, mes doigts fins glissent sur ma gavroche frimousse. S’occuper est indispensable quand l’anxiété point le bout de son nez. N’est-il pas ? Le temps est impatient. Certes, les heures s’érodent, mais vides, elles restent interminables. Je soupire à nouveau et quittant ma couche douillette, je me penche à la fenêtre ouverte. La brise légère caresse mes pommettes décharnées et chatouille mon nez à la retrousse. A l’abri du sommeil, je n’ai plus rien à craindre. Avides, mes prunelles croquent alors le coteau, les toits ardoisés des maisons voisines et la cime de la forêt.

Lassée du décor de ma chambre, la faim tiraille mon estomac quand le parfum des pâtisseries préparées par ma mère vint jusqu’à moi. Elle est là. Elle est revenue. J’enfile donc un rose peignoir de soie sauvage et je quitte mon antre. Légère et vaporeuse, je glisse de l’escalier pour fouler le sol de la cuisine encombrée des cadavres de mon père. Il en est d’ailleurs le dernier. Il gît au centre des bouteilles vides, avachi sur la chaise où il s’est endormi. J’en ai froid dans le cœur et froid dans le dos. Le four est bien éteint ! Les parfums bénis de sucre et d’amande étaient illusoires. Ma propre maison est, comme à l’accoutumée, atrocement lugubre.

Soudain, un courant d’air froid caresse ma nuque et j’en frisonne. Au dehors, l’air est vicié. Alors, je rabats la fenêtre et m’assois au côté de l’homme assoupi que j’épie triste et contrite. Je meurs de faim mais ne trouve la force d’avaler quoique ce fût. Le tableau est déroutant. Le spectacle dégoutant. Ma sensibilité m’empoigne avec vigueur. Ainsi, plus véloce qu’à l’accoutumée, je rebrousse chemin jusqu’à ma chambre. Je m’habille en hâte et quitte mon foyer peu amène. D'avance, je sais que j'errerai des heures durant dans cette ville paralysée. Et finalement, j’attendrai sur le perron de la bibliothèque qu’elle ouvre enfin ces portes. Là, je pourrai rêver, apprendre et m’évader. Je m’inventerai des vies qui ne sont pas les miennes. Je m’identifierai aux héroïnes de mes romans préférés. Je m’en inspirerai pour trouver la force de vivre, espérant qu’un jour, moi-aussi, je coucherai sur papier mon trop-plein d’imagination. .

©COPYRIGHT

MOURIR SEUL EST UN PECHE POUR L'HUMANITE ! . J’amorce une fuite vaine, une fuite sans autre poursuivante que ma propre folie. Haletante, épuisée, Moi, Syrie, être famélique, je me laisse glisser contre la pierre bleue devinée froide d’un bâtiment ancien des rues de Suède. Nous sommes un 22 septembre et il est dix-neuf heures quand je sombre dans l’inconscience de mes divagations. Je reste immobile, les mains et les pieds dans la neige recouvrant le sol de mon pays et j’ai le regard vide. J’ai peur. Je n’ose délaisser ma place. Je suis en sécurité, ici, à l’abri des regards. J’enlace mes propres bras. Je tente de me réconforter, mais c’est inutile. Mes muscles sont contractés et mes membres engourdis. Ils récrient sans rémission la chaleur des flammes d’un feu de bois crépitant dans l’âtre d’une cheminée. Ils réclament les bras chauds d’un père bienveillant et d’une mère aimante. Ma raison m’ordonne de rentrer à la maison pour retrouver la tiédeur de mon foyer. Je n’en fais pourtant rien car elle n'existe pas.

Mon corps ne répond plus. Mon inconscient ne veut pas. Cette bataille incessante livrée entre ma chair et mon être s’éternisera des heures, des jours et des semaines. Elle s’éternisera jusqu’à me rendre folle. Je perdrai pied. Des violents tremblements agiteront mon corps. Je suerai à grosses gouttes. Mes sueurs seront froides et je croirai mourir. J’aurai peur. Peur de mourir, de vivre, de mal vivre. Je serai habitée d’ardentes crampes et je donnerai n’importe quoi pour qu’on me soulage, pour qu’on me vienne en aide sans appeler. Alors, mon être serait mis en échec, ma volonté fondrait comme neige au soleil. Mes promesses voleront en éclat. Mes douleurs se dissiperont alors. Mes craintes s’enfuiront. Et je serai bien, enfin. A présent, j’aurais un ami. Un ami sincère à l’oreille attentive. Pieusement, il me sauverait de moi-même. Il me protègerait de cette nostalgie plus robuste que le bois brut. Que ma vie serait douce si je n’étais pas étrangère au monde qui m’entoure. Etrangère à moi-même. Je ne rêverais plus d’un peu de gloire, de considération et d’amour. Je maîtriserais mes envies et ma jalousie. J’étancherais ma soif de reconnaissance car, nul humain ne mérite le châtiment du rejet. Ainsi, je vivrais heureuse d’être moi, sans frontière, sans barrière, sans limite sauf peut-être celles de ma morale.

De mes cheveux dégoulinent déjà de lourdes gouttes d’eau, la pluie tombe et le tonnerre gronde. Ferais-je la météo ? A cette idée, j’esquisse un sourire. J’inspire une énorme bouffée d’air et enfin, je prends la décision de quitter mon assise inconfortable. Je me redresse et inspire l’air souillé des grandes villes et je quitte mon appui de pierre pour retrouver les miens. Je ne sais pas où aller et je me laisse guider par l’effluve familier de la pâtisserie.

Soudain, une terrible douleur me paralyse. Mon estomac me fait souffrir. Est-il de pierre ? Pourquoi est-il si lourd à porter ? J’ai la nausée. La fragrance sucrée des gâteaux devient plus métallique. L’odeur est âcre. Nauséabonde. Intolérable. Elles chatouillent mes narines et je grimace. Qu’ai-je fait ? D’un furtif coup d’œil sur ma main souillée de sang séché, j’écarquille grand les yeux. La plaie est ouverte. J’en demeure tendue, immobile et pantelante. Je me suis entaillée la main. De colère, je cognai le macadam de toute ma faible force et je me blessai. Un pesant silence s’installe. Les bruits stridents des klaxons, le bourdonnement des moteurs, les rires tonitruants des insouciants ont désormais disparu. Pourtant, forte de mes résolutions, j’ai resserré mon écharpe pour m’offrir une allure résolue et je m’engouffre dans la jungle de béton. Mes défiantes prunelles reflètent les lumières tremblotantes des réverbères, dessinant au sol, vacillante telle la flamme d’une bougie au vent, l’ombre droite et figée de mon corps décharné. Je l’observe en chien de faïence. Je contemple les ravages de la douleur sur mes traits sévères dans une flaque d’eau croupie.

Il est 22 heures à présent. Je suis inquiète et inquiétante. Errant dans les artères de Stockholm, une voix mélodieuse tinte telle la clochette de la liberté à mes oreilles. La voix de ma mère. La voix de celle qui, une nuit d’arcane, m’abandonna lâchement pour une vie meilleure. Elle n’est pas la pourtant. Elle n’est pas autour de moi. Je l’appelle. Elle ne répond pas. Je ne la vois pas mais je me laisse guider par ce timbre agréable. Ce timbre qui m’a tant manqué. Je m’empresse donc de la rejoindre. Finalement, on m’interpelle. J’interromps ma course effrénée. Mes cheveux s’abattent désordonnés dans mon dos. Ma tresse africaine n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mon regard céruléen se pose alors sur les traits fatigués d’un inconnu subjugué par mes lèvres vermeilles et mon diaphane teint reflétant les rais argentés de l’astre lunaire. Je m’amuse de mon charme et je soutiens cette prunelle agressive sans me soucier de mon sort. Je n’avais rien à craindre jusqu’à ce qu’il pointe une arme vers moi. Je me raidis, tétanisée. Cet homme m’est inconnu. Je le supplie de se présenter mais, il disparaît dès que des bras forts sans porteur m’enlacent de toute part. Je lutte et me débats mais, c’est inutile. Ils sont plus forts que moi. Je suis piégée. J’essaie d’appeler à l’aide mais ma voix reste prisonnière de ma jugulaire. La panique prend possession de tout mon être, ma vue se trouble, ma respiration se coupe et mes esprits s’assèchent. Je suis outrée et, pour rassembler le peu de courage qu’il me reste, je tape du pied. J’attendais le sol rigide mais il se dérobe. Il ne persiste que le néant. Ce néant qui m’attire inexorablement vers une chute infinie. Mon cœur bat vite. Très vite. Il se retourne. Je voudrais hurler. Mes cris sont mort-nés. Mes craintes s’accentuent et la descente est longue, lente, interminable. Je ferme les yeux. Je baisse les bras. Je lâche prise. J’attends la mort. Je l’attends avec impatience, prise de remords d’être si seule. Je ne manquerai à personne et c’est désolant. Oui. Je suis davantage inquiète de mourir dans la plus parfaite indifférente que de mourir tout court. Alors, je chute simplement. Je chute encore et toujours pour plonger, tête la première, dans un aquarium de verre remplis d’eau. L’eau est fraîche. Le choc est rude et je m’éveille dans un effroyable cri qui n’alarmera personne. Sans aucun doute.

©Tumblr

C'est un beau miroir aux alouettes
J'en oublie même qui je suis

Il me serre dans ses bras et je respire plus librement. Je m’enivre de son parfum fruité et d’étranges sentiments se bousculent. Je ne parviens à nommer mes émois alors, je les chasse, je les fuis. Il est ma tentation, mon penchant, mon pêché. Comment rester indifférente au contraste de sa peau ambrée sur ma peau laitée ? Au chatoiement des rayons du soleil capturé dans ses pupilles ? Au panache de sa toison presque charbon ? A sa voix claire et cristalline ? A ses spontanés éclats de rire ?

C'est juste histoire de voir
l'amour d'un peu plus près

A quoi bon nommer ce désir ardent creusant mes entrailles ? Imaginer la rondeur de ses lèvres grenat nourrit la flamme incandescente germant insidieusement au creux de moi ? Lentement. Doucement. Sans crier gare. Sans faire de bruit. D’un revers imaginaire de la main, cet inconnu malmène mes considérations, épargnant mon irrésistible besoin de goûter à ses lèvres. Il me parle mais je n’entends rien. Sa bouche m’obsède. Il m’interpelle mais je reste sans voix. Je goberais volontiers le fruit de sa bouche. Que m’arrive-t-il ? Est-il sorcier pour m’avoir fait prisonnière de sa galanterie ? Ainsi, je ferme les yeux, luttant contre cette dangereuse attirance. Je ne peux céder. Il est trop bien pour moi. Cet homme est tellement, tellement, tellement…tout ça.

Tout juste le temps de voir
l'effet que ça nous fait

Je me raisonne en vain. Une vive impulsion nuée d’une douceur sans fin guida mes menottes à son mutin minois. Je réduis l’écart séparant ma bouche de la commissure droite de la sienne. J’y dépose un baiser aussi léger qu’un papillon. Je n’ose m’aventurer plus allant. J’ai peur de le surprendre, de le vexer ou de l’effrayer. Je ne veux rien précipiter, il est si méfiant…et à raison. Alangui et tendu, mon regard s’attarde dans l’abîme de son regard. Je guette une quelconque réaction mais le sable déserte le sablier. Contractée, je revis mon premier baiser. Est-ce cela qu’on appelle l’amour ? Est-ce cet homme Dieu choisit de m’offrir, de perdre et de ne jamais oublier ? Il me sourit et de mon soulagement nait une passion sans lézarde ni fissure. J’offrirais à son être l’absolu abandon à la perdition. Il a dit : « Je t’ai attendu longtemps. » J’ai répondu : « Qui es-tu ? » Pour seule réponse, un soupir. Un soupir et un sourire.

Trois petits tours et puis je m’en vais.

Déjà il avait disparu. Le quai de mon bateau ivre, la lumière de mon phare dans l’obscurité, mon bâton de traverse pour affronter la vie. Un instant, il fût sourire, conseil et réconfort. J’étais insouciance, indulgence et bienveillance. Il était le paradoxe entre apprécier mon existence et regretter de vivre. L’instant d’après, il n’est plus que douleur. Si tu m’as cherché sans relâche, pourquoi t’enfuir si promptement ? Peut-être parce que tu es le fruit de mon imagination. Peut-être parce que tu n’existes pas. Peut-être parce que je suis née pour te chercher, mon amour. Pour te chercher toi, l’amour.