KRISTINA ROMANOVA © TUMBLR

RUNNING TO THE EDGE OF.☂ Elle avait comme un goût âcre, un subtil mélange de rouille et de sel. C'était l'empreinte sanglante. Cette putain de sangsue qui vous colle à la peau, cette odeur acariâtre dont vous ne pouvez vous délaisser. La pièce en était immaculée. Cette peste noire était pire qu'une contamination, et telle une princesse du demi-monde, elle se trémoussait devant vos pupilles dilatées où dansait la flamme de votre abandon. C'était une vraie salope dont on ne pouvait s'affranchir. Dès que vous l'avez caressée d'un peu trop près, elle vous avale telle une araignée engloberait sa proie, sans vous laisser la moindre chance de survie. Dès cet instant, vous êtes mort, considéré comme une carcasse sans âme, un détritus qu'on aurait tôt fait de jeter dans le néant, loin des tumultes de la vie quotidienne. Vous aurez beau geindre et vous débattre, vous en êtes arrivé à un point de non-retour. C'est l'empreinte sanglante, le baiser de l'enfer, les promesses de l'ombre...et votre vie s'achève là.

« Mon petit monstre » Papillonnant des yeux, la belle au bois dormant s'extirpa de son sommeil pour tomber dans la gueule du loup, cette abominable vérité qui la saisissait chaque jour. Une veine pulsa irrégulièrement au niveau de sa tempe, comme la course folle d'un âme en quête de désespoir. « Tu es enfin réveillée mon petit monstre » L'embrassade de l'odieuse sur sa peau était comme la brûlure d'un marquage au fer, elle laissait une marque indélébile sur elle. C'était comme le stigmate du démon, elle dévorait votre âme, marquant de son sceau votre insignifiante personne. « Je dois te laisser » La damnée s'en allait, laissant son larbin derrière elle, entre les bras du Malin, mais la môme n'était pas seule dans son malheur. Apollina, sa semblable, sa moitié, était également le valet de ces renards. Dans son malheur, elle avait trouvé la lumière de sa vie. L'ange n'était plus...Ses ailes autrefois blanches avaient depuis longtemps brûlées, gorgées d'amertume et de rancœur, mais aussi de haine. Mais l'ange avait trouvé un remède à la folie, un bouclier contre les étreintes fébriles de ces coquins redoutables. Apollina était son remède contre toute cette bacchanale.

I WAKE UP EVERY DAY
THE WRONG SIDE OF THE BED
BUT I WON'T LAY DOWN ON THE FLOOR
LIKE I'M THE WHORE IN YOUR HEAD

C'était voluptueux, enivrant, et méphistophélique. Elle s'agitait lentement devant ses orbes défoncées, l'enflammant et la hantant de sa danse insolente. L'âme éventrée, l'hybride succombait à cette brûlure appétissante, à cette torture inévitable. Un épais manteau cotonneux l'enveloppait dans un cocon morbide, la conduisant incognito vers les portes de l'Enfer. La drogue, 'la coke'...Cette shit qui vous obsède et vous détruit.

I'M A TIGHTROPE WALKER
CAN'T FIND MY CIRCUS

C’est ma main qui fait sourire la Joconde.

WILDNESS →

20 ans →

3/7 →

Avis

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DOMINUS TECUM
I'M ITCHING LIKE A MAN ON A FURRY TREE ★

Langoureuse et majestueuse, elle se faufilait avec dithyrambe à travers les fleuves, les rivières et les montagnes. De sa langue gourmande, elle venait caresser les sentiers battus, la menant vers un ailleurs illusoire. Nu de la tête aux pieds, l'ange, ou la damnée, s'aventura vers hardiesse vers d'autres horizons. Les parfums méphitiques avaient laissé place à des saveurs avenantes, et elle baissa ses défenses, transportée par tant de volupté. C'était nouveau pour elle, et d'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle n'avait jamais goûté à ces délices allogènes. Le lac carmin dans lequel elle baignait constamment s'était transformé en un bleu océan, frais et revigorant. Une effervescence satinée vint lécher le bout de ses orteils, glissant telle une langue taquine sur sa peau, léchant chaque parcelle de son corps. C'était comme retrouver un lit douillet après une nuit paillarde, ou tenir entre ses doigts cyanosés par le froid d'un hiver âpre une tasse brûlante, laissant les vapeurs nébuleuses d'un chocolat chaud titiller le bout de votre nez. Le sol rêche n'était plus qu'une plage de sable fin, douce et tiède, ôtant les maux et réchauffant le cœur. Il y avait comme une odeur d'iode, rassurante et libératrice. Et quand elle se regardait, les cicatrices qui rongeaient sa peau endolorie s'étaient évaporées comme la poussière se ferait balayer par un simple soupir. Des rayons incandescents la transperçaient de toute part, épousant cette orbe lumineuse qu'est le soleil. A sa droite, une silhouette blanche se distingua du paysage brouillé, ni homme ni femme, mais assez nette pour la comparer à un être humain, ou peut-être était-ce le divin? Il, ou elle, n'avait pas de seins, ni de sexe. Ce n'était qu'une ombre claire, à la dégaine gracile et au tracé souple et léger. Pourtant, l'ange maudit n'aimait pas les inconnus, il s'en méfiait, mais la présence de cet être, cette chose, le rassurait, et ses épaules s'affaissèrent en un signe de résignation, ou peut-être était-ce dû au répit? Une chose qui lui était encore bien abstraite. Il osa s'en approcher et d'une main timide, toucha la créature étonnante. Une sensation de picotement frôla les extrémités de ses doigts, mais ce n'était pas désagréable. Elle crut distinguer un sourire sur ce qui semblait être un visage sans formes, et cela suffit à réchauffer son cœur pourri. Inconsciemment, un sourire hésitant vint se nicher à la commissure de ses lèvres, étirant ses pommettes qui s'étaient affaissées avec le temps. Dès qu'elle rompit le contact avec son homologue, ce dernier disparut, englouti par le néant. Sa voix rauque était celle d'un enfant, et lorsqu'elle osa un regard sur elle, son corps de femme était celui d'un mioche de sept ans. Une petite robe rose recouvrait son corps aux rondeurs juvéniles, et des petites sandales blanches et douces en leur enceinte réchauffaient ses pieds. En y repensant bien, elle n'avait jamais porté de rose, non pas parce-que ça faisait fillette, mais parce-qu'elle s'était toujours accommodé des loques que cousait vulgairement sa putain pour elle. Devant elle s'étendait une plaine de jeux occupée par des enfants gorgés d'euphorie. L'envie de les rejoindre l'assaillit, la damnée voulait jouer avec eux, s'amuser et rigoler. Ses petites jambes la poussèrent jusqu'à eux et seules l'insouciances et l'hilarité baignaient son esprit dans un cocon de béatitude. Mais ces rires n'étaient bientôt plus qu'une douce mélodie dans le lointain, et lorsqu'elle ouvrit les yeux, il n'y avait plus rien...C'était le vide absolu, un néant blanc et absolu. Seuls subsistaient un pinceau et des pots de peinture de toutes les couleurs. Alors, comme atteinte d'une folie sans nom, la maudite s'empara de l'objet en bois et le trempa dans le pot de peinture vert, sa couleur préférée, avant de l'étaler autour d'elle. Un long sillon coloré chemina à sa suite, et bombardée par une inspiration nouvelle, elle s'autorisa une palette de couleurs plus large, transformant ce rien en un tableau chatoyant et débordant d'enthousiasme. C'était beau et coloré. Elle cligna des yeux une fois, deux fois, la troisième fois fut celle de trop, et les murs grisâtres et imbibés de moisissure de son foyer apparurent comme la triste vérité de sa vie cafardeuse. WE HAVE NO FUTUR, HEAVEN WASN'T MADE FOR ME.

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BURN THE WITCH.▷

« Cette beauté, sombre comme le fer, Est de celles que forge et polit l’Enfer. »

SHE'S GOT HER EYES OPEN WIDE
SHE'S GOT THE DIRT AND SPIT OF THE WORLD
HER MOUTH ON THE METAL
THE LIPS OF A SCARED LITTLE GIRL

La morsure du froid l'extirpa d'un lourd sommeil, ses paupières enflées témoignaient d'une fatigue indéniable, et le détachement de ses pupilles laissaient suspecter une morosité infaillible. Allongée sur un épais manteau cotonneux, la condamnée se surprit à avoir froid. Non, elle n'avait pas froid, elle grelottait. Sa peau était parsemée de petites boules de chaire, comme la peau d'un lézard, ou les traces d'un plumage effacé, preuve d'une fibre quelconque, ou de souvenirs oubliés. Elle était étendue sur une longue redingote immaculée de neige, un territoire vierge qui l'affubla d'une terreur sans nom. Ce n'étaient plus des flocons qui dégringolaient des cieux mais des comprimés de toute sorte. Et la neige, tantôt froide, vint lui brûler l'épiderme, érodant sa peau à petit feu. Ses jambes n'étaient plus que des longs poteaux blancs avec des trous, comme une peau de crocodile. Et petit à petit, elles s'effritèrent, comme un vestige, et disparurent dans une douleur qui la déchirait de toute part. La sensation qu'on la transperçait avec des pieux n'en était que plus grande. Une odeur de miel attisa son odorat et lorsqu'elle porta son regard au-dessus d'elle, des ruches immenses étaient suspendues dans le ciel d'où dégoulinaient des rivières dorées. Mais le parfum sucré s'estompa derrière un bourdonnement qui s'amplifiait de seconde en seconde. Le ronronnement n'était plus qu'un infernal vrombissement grave, et la réprouvée vit avec abjection une dizaine de guêpes géantes la darder de leur avant-garde belliqueuse. La scène était plutôt ironique et assez représentative, comme une troupe de nazis amenant un juif dans un traquenard. La réprouvée n'avait plus qu'à subir, sans échappatoire. Elle brandit ses bras devant elle, en guise de protection, et dans un même mouvement, les crocs acérés la dévorèrent comme un vulgaire gibier, ne laissant que les ossements pour carcasse.

I PEEK INTO THE HOLD, I STRUGGLE FOR CONTROL

BURN YOUR BRIDGES Alors qu'elle pensait le cauchemar terminé, elle se réveilla dans une baignoire inondée de sang, tout du moins ça en avait l'aspect et le goût. L'odeur de charogne la flagella de plein fouet, elle sentait le mauvais présage pointer le bout de son nez. Plantant ses griffes avec hargne contre les rebords de la bassine de sang, plus pour camoufler sa peur que par haine, elle fuit la gorge ensanglantée et découvrit un long serpent carmin tracer son chemin devant elle. Indécise elle osa suivre cette ride écarlate, laissant l'empreinte de ses pas sur ce sillon dramatique qui ne présumait rien de bon. Des relents pestilentiels l'asphyxiaient presque, comme si la mort l'englobaient de sa bouche vaniteuse. Elle avait l'horrible sensation d'être dans une souricière, ou dans un long tunnel sombre dont l'issue ne révélerait pas la lumière du jour, ni une quelconque bouffée d'air libératrice, mais le spectacle funèbre d'un avenir terrifiant. Là, à ses pieds, gisait le corps mutilé et ensanglanté de sa paire, la bouche béante et les yeux sortant de leur orbite. Ses jambes étaient écartées en signe de soumission, elle n'avait plus de bras et ses longs cheveux bruns étaient éparpillés sous ses pieds tâchés de sang. Quelque chose remuait dans sa bouche où les dents et la langue avaient été sauvagement arrachés, quelque chose de vivant. Des asticots franchirent la barrière de ses lèvres, des centaines d'asticots. Ce spectacle eut raison d'elle, et sans retenue, elle vida son estomac sur ses pieds, badigeonnant sa longue crinière de cette substance illicite et acide, directement sortie de son antre putride. C'était ça, l'âme du mal.

Était-ce cette vision macabre ou ses déformations congénitales qui eurent raison d'elle? Des petites bulles d'oxygène s'échappèrent de sa bouche, flottant autour d'elle comme les pétales d'une sainte balayées par la brise ambulante du néant. Amusée et intriguée, la créature en perça une de son ongle affûté. La bulle éclata en un millier d'étincelles. C'était une vision mirifique, et tel un enfant, elle poursuivit sa destruction, inconsciente de l'impact de ses gestes fous. Un malaise l'infesta, comme un puissant insecticide, et elle eut comme l'impression de manquer d'air. Le petit monstre n'arrivait plus à respirer, elle sentit sa gorge brûler, comme si le baiser du diable s'acharnait sur ses alvéoles, puis sur ses bronches, gagnant rapidement sa gorge pour laisser s'échapper un jet de lave, inconsciente de son autodestruction.

« Presque personne n’est assez pur de péchés pour ne pas mériter un châtiment. »