barbara palvin ©weheartit, tumblr

WE'RE ALL FUCKING MAD HERE.

Asperger. n.m. (syndrome d') :Syndrome proche de l’autisme : anomalies des relations à autrui, activités répétitives, difficultés de communication. Toutefois cette maladie est souvent compatible avec une existence normale.

« Les bottes qui crissent sur le parquet ; elle s’en va. La pression se relâche, la tête renversée en arrière, les yeux fixes, j’erre. Loin de cette chambre, loin de cette prison de bois, loin de ce corps charnel et de cet esprit qui sont prisons aussi bien que l’est la maison. Dire que je tente d’échapper à la vie serrait une vérité ; dire que je ne vis pas serait un mensonge. Je suis l’ombre, je suis la lumière. Je suis l’ange déchu que Dieu n’a pas reconnu ; je ne crois pas en Dieu. Cet enculé, sinon, m’aurait déjà arraché les yeux. Mon existence ne tiens qu’à un pâle fil tremblotant au bord des abysses ; je peux déjà voir les berges du Styx, rêver d’y plonger, pour ensuite me dégouter moi-même. Je ne comprend pas les gens. Leurs visages, ces émotions qui transparaissent, ne sont que de pâles étendards dans la brume et dans le vent, que je distingue à peine. Je ressens, je suis incapable de dire ce que les autres ressentent. Tu peux sourire, mon beau, je ne sais pas ce que tu essayes de me dire. Ca m’angoisse. Je m’enferme. Dans la cage, dans mon esprit, n’importe ou, loin de ton sourire hypocrite, loin de ta face qui me démange. La tête dans les mains, je passe pour une cinglée ; suis-je réellement folle ? Se sent-on fou ? Lui ais-je demandé, la crise passée. Il s’est enfui. Résolue, je suis, habituée. La question, à nouveau, me démange, et je demande, au vide, mais le vide, ne réponds pas. Nouvelle crise. Je suis damnée. Pas folle, damnée.
Le monde semble avoir un œil constant sur moi, un œil qui me terrifie, qui me pétrifie. J’oublie le temps, l’espace, je m’enferme dans mon mutisme, dans ma prison de chair. Les gens me méprisent, et ce, parce que je suis différente. L’indifférence que j’affiche en permanence les trouble, et ils me fusillent de leurs regards noirauds. La normalité. L’idéal que je caresse de mes doigts fins. Le Graal version autiste. Un rêve doucereux. You’re a freak. Ma mère m’a une fois lancé a la figure. Le poignard, si réel il avait été, m’aurait déchiré les chairs, et le sang se serrait répandu sur le sol de nacre. Du rouge sur du blanc. Et je serait restée à admirer le fluide s’écoulant de mon propre corps, m’extasiant de son contraste frappant. Ca, c’est arrivé dans ma tête. Mon esprit. Mon imagination. La vérité, c’est que je me suis enfuie. J’ai quitté le monde des humains pour celui de ma conscience, ou la douleur n’a pas d’emprise. La crise fut dure ; les yeux dans le vague, les bras serrés si fort contre mon corps frêle que j’en eux mal aux articulations, qu’elles grincèrent pour manifester leur mécontentement que j’ignorais, marmonnant des choses que moi seule pouvait comprendre, balançant ma carcasse d’avant en arrière dans un va-et-vient rassurant. L’Autre avait beau hurler, je n’entendais plus, je ne voyais plus, je ne sentais plus. Rien qu’une carcasse vide.»

middle ages/luunah →

twenty →

tous les jours →

toi. Moi. Un lit. Maintenant.

©modellove, tumblr

I REMEMBER TEARS STREAMING DOWN YOUR FACE. « Ca commence toujours mal. Les couleurs sont ternes. Le noir est présent, le chaos est maître des lieux, Elle est maîtresse des lieux, de ma prison de soie. Recroquevillée sur moi-même, dans un coin de la pièce, les mains devant mon visage, je n’ose les entrouvrir. Je sais qu’Elle est là. Je sais qu’Elle me regarde. Qu’Elle s’approche. Que sa sentence serra effroyable. Je ferme mes pupilles, je serre les dents. Je me prépare à encaisser le coup. Le coup ne vient pas. Étrangement. Le silence, je m’aperçoit alors, le silence est roi. De nombreuses questions se bousculent, mais alors, c'est une nouvelle émotion qui m'étreint. La peur cède face à la curiosité dévorante d’ouvrir les yeux et de voir. Dans un sursaut, je m’efforce de garder mes yeux clos. Peine perdue. Ma volonté vacille. J’ouvre les yeux. Un sourire, la lumière, les couleurs flamboyantes. Je cligne des yeux. Que se passe-t-il ? Quelle est cette lumière ? This would not be like that.
Je lâche mes membres endoloris. Ils craquent, protestent, lorsque je me remet sur mes jambes tremblotantes. He took my hand. Interloquée, surprise, mes pupilles se portent sur les mains, puis sur l’impudent. Je le connais. Mais mon esprit marche au ralentit. Plusieurs longues minutes me sont nécessaires. Heathcliff. Un sanglot m’échappe. Je serre ses mains, les emprisonne, m’y agrippe comme s’il était mon unique point de survie, comme s’il était mon ancre dans une tempête, mon point de repère. Il me soutient. Le rideau de pluie s’ouvre. Je découvre un monde nacré, brillant comme l’argent. Emue, je sens, à nouveau, les larmes me venir. Et lorsque je tourne mon visage vers Heathcliff, je déchiffre son visage. Ô, quelle immense et intense joie ! Je peux lire en lui. Je peux déchiffrer ses sentiments, ses émotions. Comme jamais je n'avais pu le faire. Je laisse aller des larmes, n’y tenant plus, de bonheur intense. Je n'y crois pas, pourtant, je lis dans son cœur qu'il est heureux. Je lui lâche les mains. C’est comme si le monde avait à nouveau toutes couleurs à mes yeux, comme si je le voyais pour la première fois. Un à un, je déchiffre chacun des visages que je connais, que je passais mon temps à ne pas comprendre, à être si effrayée, à me fermer dans mon mutisme absolu. Que je ne comprenais jamais, que j'effrayais sans arrêt. Je ne cesse de sourire, je ne peux m’enlever cet ignoble sourire, et pourtant, je suis heureuse que cela soit ainsi. Je suis euphorique. Je suis normale. Je ne cesse de me le répéter. Je suis normale. Le champ de fleurs recèle son immensité, ses senteurs jusque-là inaccessibles, ses couleurs chatoyantes, son ciel immaculé. J’y distingue, outre les fleurs extraordinaires, des êtres fantastiques, des êtres si étranges, aussi, que je n'ose m'approcher d'eux. Pourtant, chaque fois que je pose mon regard sur eux, ils reprennent une forme humaine. Et je suis capable de lire sur leurs visages. Je cueille une fleur, certainement une iris, mais je n'en reconnais, ni la couleur, ni la senteur. Dans ma main, elle change de couleur. Émerveillée, je la porte à mes lèvres. Exhume sa délicate senteur. C'est le parfum le plus doux et le plus somptueux que j'aie jamais respiré. Elle sent l'espoir. Ma joie est intense, à son comble le plus complet. Je ne pourrait être plus heureuse, là, la main à nouveau enserrée dans celle de mon frère, devant un monde que je comprend; et la fleur qu'il me glisse dans ma chevelure couleur châtaigne, d'un geste si tendre que je ne le reconnais qu'à peine. Enfin.
Puis, comme un bref flash, je ne vois plus rien. J’ouvre les yeux. Ce n’était qu’un rêve. je gémis. Et replonge dans le sommeil. »

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MEMORY LANE UP IN THE HEADLIGHTS, IT’S GOT ME REMINISCING ON THEM GOOD TIMES. Le bruit de la vaisselle de table. Le crissement des couverts dans l’assiette, le bruit de la mastication. Les mains fermées sur une fourchette et un couteau, je sens la tension. Palpable dans l’air. Personne ne parle ; Heathcliff m’observe à peine, quant à mes géniteurs … eux, ils me fixent. Freak. je peux les entendre murmurer, même si leurs lèvres ne bougent pas. Je peux les entendre me glisser à l’oreille leurs infamies. Chuchotements malsains. Je serre les dents. Le doux fumet du rôti se porte à mes narines, manquant de m’arracher un horrible haut-le-cœur. Que je ravale aussitôt. Le regard de ma mère. La table valse dans les airs. Projetée contre le mur latéral, je manque de perdre conscience. Je porte ma main à mes cheveux, là j’ai frappé le mur. Poisseux. Le sang, le sang. Sa colère m’éclabousse, elle hurle. Seulement, là, je remarque la fourchette dépassant de ma cheville. Du sang, à nouveau. Heathcliff me regarde d’un œil torve. Je hurle. Je le supplie de m’aider ; ma vision se trouble, je tombe à terre à nouveau. Elle m’a frappé. Elle ne supporte pas. Stoïque, mon père observe la scène. Une poussée de haine pure me fait hurler à nouveau. J’empoigne la fourchette plantée dans ma cheville. Fixant mes prunelles dans celles de ma mère, j’expire, arrache dans une gerbe de sang le couvert. Elle ne supporte pas la rébellion. Je le sais. Je m’en fiche. Il n’y a qu’elle et moi, désormais. Dans cette pièce, plus rien d’autre ne compte. Rien qu’elle et moi. Sa fureur se lit sur chaque trait tiré de son horrible face, comme si chaque veine qui palpite était prête à exploser - à m’exploser à la figure. Là, elle aurait vraiment besoin de cette crème qu’elle se tartine chaque soir sur l’épiderme. Quoique. Ca ne changera rien. Rien au fait que, même terrifiée, je lui tiens tête, et qu’elle me déteste pour ça. Qu’elle me déteste pour tout. Pour mon « anormalité ». Je la hais pour appeler ça comme ça. Dès lors que j’aie été cataloguée comme bizarre, je ne faisais déjà plus partie de cette famille. J’étais une étrangère. Un monstre. Ai-je réellement l’air d’un monstre ? Ne serait-ce pas plutôt, eux, les monstres ? Eux qui n’ont eu de cesse de me rappeler ce que j’étais. Alors, même là, devant Elle, je suis capable de savoir ce qu’il y a sur son horrible visage. C’est rare, mais ça m’arrive. J’y vois aussi clair que de l’eau de roche, je lève mon bras, son coup ne m’atteint pas dans le bras, mais dans les côtes. Le pied. Elle m’a foutu un putain de coup de pied. Je sens, sous le choc, l’une de mes côtes se briser. Je serre les dents. Je sens le sang, dans ma bouche. J’ai mordu ma lèvre trop fort pour ne pas lui donner le plaisir de hurler. QUE QUELQU’UN ME SORTE D’ICI BORDEL ! Mais non. Il n’y a qu’Elle et moi. De rebelle, je passe à terrifiée. Elle va me tuer. Je le sens, ça, je ne le vois pas. Je m’enterre dans mon mutisme, me balance d’avant en arrière. La situation m’échappe, je m’enferme. Mon refuge. Ma prison de soie interne. Je ne suis plus là. Mais Elle, Elle s’en fiche. Le coup suivant m’envoie glisser sur plusieurs mètres dans la pièce - depuis est-elle si grande ?. Je gémis. dans ma bouche, le sang se mélange à la salive, à la poussière, aux fragrances peu désirables que recèlent la pièce. Elle s’avance à nouveau. La fourchette. Je l’ai toujours en main. Elle est trop proche. La douleur qui me consume me brouille la vision. Mais je vois son mollet. Tchac. la fourchette fait un bruit mat en perçant la chair de part en part. Je l’ai enfoncée jusqu’à ce qu’elle ressorte complètement. Elle hurle. M’écrase les doigts en tentant de m’échapper. Je voulais reprendre la fourchette.. Le coup suivant m’envoie dans les vapes pour un bon moment. Mais j’accueille les ténèbres avec joie. La douleur, là, ne pourra pas m’atteindre.
En sueur, je crie. Quand je me rends compte, que, Elle n’est pas là. Ce n’était qu’un cauchemar. Je ne me rendors pas. Je ne peux pas. Si je le fait, cette, fois, elle me tuera. Pour de bon.

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IF I DIE YOUNG, BURY ME IN SATIN, LAY ME DOWN ON A BED OF ROSES, SINK ME IN THE RIVER. . Je vais crever, je le sais. On ne voit plus mes bleus, mes cicatrices, si, mais les bleus, les bleus sont remplacés par la douceur de la peau, celle d’une porcelaine, je ressemble à une poupée de porcelaine. Si l’on excepte les cicatrices. On peut toujours essayer de reproduire l’humanité, jamais je ne pourrais dessiner sa connerie pure et dure. Elle n’a juste aucune limite, alors qu’un dessin, lui, possède une putain de limite : le papier. Je pourrais me mettre à dessiner des heures entières, que je serais forcée de m’arrêter ; soit le papier s’effrite entre mes doigts fragiles, soit je dois prendre une autre feuille, faute de place, et ce, peu importe sa grandeur. J’ai fini par dessiner sur les murs de mon appartement. Mais même là, les limites s’imposent, alors que mon imagination n’en a aucune et ne cesse de me commander. J’ai bien tenté le plafond mais … je crois que la chute de l’escabo m’a servit de leçon. Alors je suis résolue à me confiner au papier, tant bien que mal. Je vais crever, ça, rien ne pourra le changer. Peut être serait-je plus libre ainsi. Car oui, je suis enchaînée. Plus je tire sur les chaînes, plus je m’écorche les poignets. Je ne peux m’en défaire. Parfois je rêve que c’est le cas. Qu’à nouveau je peux voguer vers d’autres horizons. Retour à la réalité. Il est dur. Se souvenir que l’instant d’avant je souriais, et je voyais les visages des autres, et l’instant d’après, nager en plein brouillard. La coke m’aide. Mal, mais elle aide. L’alcool aussi, ça aide. Moins efficacement, mais ça me permet d’oublier. Alors, j’ai déjà tout prévu. Le jour de ma mort, prévenez Heathcliff. Je veux du satin, un lit de roses, et laissez ma barque voguer sur les flots d’une rivière.