CARA DELEVINGNE ©TUMBLR

J'étais trop conne.
C'est un défaut qui m'colle à la peau comme un escargot s'accroche à son foutu caillou. Trop conne pour me rendre compte que les coloriages sur lesquels je m'appliquais finissaient toujours au fond de la poubelle de la cuisine. Trop conne pour penser que je pourrais faire quelque chose de ma vie. Trop conne de rêver.
Trop conne pour réaliser que le monde était affreusement sauvage, n'attendait qu'un faux pas pour te bouffer toute crue. Ça, je l'ai payé chaque fois que je m'étouffais, chaque fois que je crachais mes poumons. Et je ne l'ai saisi pleinement que lorsque mon médecin a lâché un mot vilain-pas-beau comme on énonce une sentence de mort.
Mucoviscidose.
Yeux de biches qui papillonnent sans comprendre.
J'étais petite. J'étais naïve. J'étais conne. On venait de donner la paire de ciseaux aux Moires. Pour combien de temps j'en avais ? On savait pas, on se taisait, on osait pas se mouiller. On parlait de ma vie comme du temps qui ferait la semaine d'après. Dix ans, peut-être quinze. Dans ma tête, ça résonnait nuageux, peut-être un peu de pluie.
A partir de cet instant, l'affreux tic-tac a commencé.
Au début, c'était un déluge de questions. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que je vais mourir ? Ça va être douloureux ? Qu'y a-t-il, après la mort ? Tic. Puis : maman, j'ai mal. Ma ventoline. J'ai putain de mal. Fuck you. Fuck le monde. J'en ai marre ; pourquoi moi, bordel ?! Tac. Et puis j'ai compris.
J'ai compris que toutes les attentions du monde ne me guériraient jamais. J'ai compris que la pitié et la douleur que je lisais dans le regard de ma mère n'étaient qu'une dague de plus fichée dans mon organisme. Dans mon cœur, cette fois, pas mes poumons. J'ai compris que ça ne servait à rien que je me révolte contre Dieu, le sort, la fatalité ou quelque soit le nom de ce putain de type qui nous regarde depuis là-haut -s'il existe ... - Je devais prendre ma vie en main.
J'ai défié ma maladie.
J'ai fumé des cigarettes, deux-trois joints, assez pour déclarer une autre putain quinte de toux, j'ai bu, j'ai fait la fête, j'ai vomi, j'ai merdé, je me suis relevée. Bref, j'ai vécu. Je voulais vivre en vingt ans ce qu'on pouvait expérimenter en quatre-vingt. J'avais du pain sur la planche. Mais ça ne m'a jamais fait peur.

Petite, je faisais ma liste au Père Noël. Maintenant, je fais une liste des choses que j'ai envie de faire avant de crever. Ça paraît stupide, enfantin, mais ça me tient à cœur. Parce que je sais qu'on a qu'une vie. Et que j'aurais que celle-là. Aussi courte soit-elle. Alors je garde cette liste cachée dans mon portefeuille, comme on masque une blessure ou dissimule une faiblesse. Entre deux billets de dix euros, on peut apercevoir une plaie à vif.
La vie est injuste.
Je m'y étais faite, à cette idée. Celle qui ne m'avait pas effleurée, en revanche, c'était que la mort l'était aussi. Car aussi incroyable que cela puisse paraître, elle a emporté mon grand frère bien avant moi. Ça fait un an, maintenant. Un an que je me dis : ce n'était pas son heure ; ça aurait dû être moi. C'est moi, qu'elle aurait dû emporter ... Mais non, moi, je vis. Moi et ma bouche en cœur que je vois dans le miroir et que j'ai envie d'effacer à coups de poing ; je vis.
Je m'en souviens comme si c'était hier ... Je toque plusieurs fois au battant mité. Pas de réponse. Je refrappe. Toujours pas de réponse. J'donne un coup de pied dans la porte qui gémit. « Bordel, Cain, tu ouvres ?! C'est Tasha. » Un silence de mort. De mort. Il est tellement assourdissant que je l'entends presque résonner contre les murs du couloir. Je soupire pour contrer le malaise qui monte en moi, puis je me baisse pour attraper la clef cachée sous le paillasson. Un tour dans la serrure. Je pousse le battant. Craquement.
A partir de là, tout tourbillonne. Je ne me vois pas avancer, et pourtant je me retrouve dans la chambre de Cain. Je ne sais pas ce qui m'a frappée en premier, si c'est la puanteur ou les yeux révulsés de mon frère. A moins que ce soit la ligne de cette foutue dross. Je sais pas, je sais plus. Je me souviens avoir ouvert grand les fenêtres, je me souviens avoir pleuré, je me souviens avoir secoué mon frère, je me souviens avoir balancé de rage la dross par la fenêtre. Mais je n'avais pas la moindre idée de l'ordre dans lequel j'ai effectué les actions. Rage. Désespoir. Culpabilité. Pourquoi ?
Trop conne pour m'être aperçue de la réalité de l'Imaginaire. Trop conne pour avoir vu le mal que la dross avait fait à mon frère.
Trop conne.

J'étais furieuse. Furieuse contre moi. Furieuse contre le monde. Furieuse contre mes parents. Furieuse contre le dealer de dross. Alors j'ai fait ce que tout le monde aurait fait à ma place. J'ai pleuré. J'ai hurlé. J'ai donné un bon grand coup de pied dans une poubelle qui ne m'avait rien fait que d'être sur mon chemin.
Changer le monde.
Voilà le rêve irréalisable que j'ai depuis l'enfance. Parce que j'suis bien trop conne. Changer le monde. Le rendre plus sensible.
Alors je suis rentrée à l'école de police. Je ne pourrais pas arrêter les maladies. Je ne pourrais pas stopper la haine ni la misère. Mais je pourrais coincer ce connard de dealer qui vend la mort par sachet de cinquante.
Et puis si je ne pouvais pas changer le monde dans la réalité, je le changerai dans mes rêves.

Lady Lala →

dix-sept printemps →

Autant que possible →

veni, vidi, amisi ... je suis venue, j'ai vu ... et j'ai perdu. faible que je suis suis. en espérant que c'est un mal pour un bien ♥ (ce dont je ne doute pas *o*)

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Il fait noir.
Mais pas un noir terrifiant, pas le noir peuplé des démons de l'enfance qui n'attendent que de sortir du dessous du lit. Non. Un noir reposant, tirant presque sur le brun foncé. Et il n'y a pas de bruit. En fait, si. Mais très, très léger. Une sorte de bourdonnement lascif. Ou de ronronnement. Apaisant.
Recroquevillée sur moi-même, je sens mes genoux frotter contre mes seins. Je suis nue. Mais je ne suis pas vulnérable. Je suis comme l'enfant dans le ventre de sa mère, baignant dans le liquide de la confiance. De la sécurité.
Et puis les voilà qui arrivent. Les sensations.
Ce n'est qu'un frôlement, qu'une caresse, alors je ferme les yeux. Fort, très fort. Ça ne sert à rien, puisque je suis déjà noyée dans l'obscurité. Non, pas noyée. Bercée. Je reconnais le pas feutré et fébrile d'un chat sur mon dos. Ça me chatouille. Je ne peux pas m'en empêcher ; je ris. Et alors que l'air pénètre en grandes bouffées dans mes poumons, je m'arrête. Je ne bouge plus. J'inspire. J'expire. Je souris à en éclairer le monde. Je n'ai plus mal ; la douleur s'est envolée en même temps que mes soucis. Le meilleur moyen de réaliser l'impossible est de croire que c'est possible.
Alors je n'oppose plus de résistance. Je déploie mes ailes, et je m'envole.
Il fait toujours noir et les sensations se multiplient, s'emballent. Le souffle du vent dans mes cheveux. Le frissonnement fébrile de ma peau au contact de la soie. La caresse sensuelle de lèvres contre mon cou.
Je plane.
Je n'ai jamais pris de drogue de ma vie. En tout cas pas de drogue dure. Et après ce qui est arrivé à mon frère, ça m'étonnerait que je m'y essaie. Mais j'imagine que c'est ce qu'on doit ressentir. Cette liberté qui nous fait pousser des ailes. L’acuité de nos sens, presque douloureuse tant elle est bonne.
Puis soudain je sens le sol sous moi. J'ouvre les yeux. Les referme. La lumière me transperce la rétine. Je rouvre mes yeux bleus. Mon regard s'accroche aux bruns d'herbe qui scintillent de la lumière chaude du soleil. Je tends les doigts pour attraper une touffe et l'arracher, comme j'en ai l'habitude. Me rends compte alors que je tiens quelque chose entre mes doigts crispés. A tel point que j'en ai mal en les desserrant.
Une broche.
C'est une broche d'argent qui a imprimé ma main de ses contours coupants. Au creux de ma paume, un morceau de paradis brille. Liberté.
Je souris. Je souris parce que je me sens bien. Je souris parce que je suis heureuse pour la première fois depuis la mort tragique de mon frère. Je souris parce que je sais qu'ici, je ne suis plus malade. Je souris parce qu'ici, dans le monde magique qui s'étend entre mes draps, je suis libre.
Je me relève d'un bond et je m'aperçois que je suis habillée. J'étais l'enfant dans le ventre de sa mère, et je suis enfin venue au monde. Un monde sans défaut. Un monde né de mon imagination. Une vulgaire illusion.
Mais je m'en repais.
Je m'en repais pour pouvoir affronter le cauchemar quand j'aurais rouvert les yeux.
Je suis dans une clairière verdoyante, au milieu d'une forêt touffue et des fleurs m'entourent. Je me sens comme Alice, dans son pays des Merveilles. Je veux juste pas que ça tourne au cauchemar. Je veux pas.
Alors je me lève. Je me lève et je cours, comme je n'ai jamais pu courir à cause de mes poumons trop fragiles. Je cours, libre.
Je m'arrête brusquement. Je ne suis pas seule.
Il y a cette fille. Cette fille qui est souvent dans mes rêves et m'est pourtant étrangère. Je me dissimule derrière un tronc d'arbre, et je l'observe. Je ne m'explique pas mon geste. Mais qu'il y a-t-il à expliquer ? Je suis dans mon rêve, et tout le monde sait que les rêves sont irrationnels. Je pose mon regard sur sa silhouette, allongée dans l'herbe verte. Les rayons du soleil fourragent dans sa chevelure d'ébène et courent le long de sa peau brune. Mes yeux s'arrêtent sur son cou qu'une mèche découvre. A cet instant, mes lèvres me picotent et je porte une main à elles. Soudain, j'ai une certitude. Cette fille, je l'ai embrassée. Juste là, dans le creux du cou.
Je me dissimule mieux derrière le tronc d'arbre alors que la poitrine de la jeune femme se soulève d'un coup et qu'elle se redresse. Ma respiration cesse, et je continue de l'observer de derrière l'arbre. Je sens un contact brûlant contre ma cuisse. A tel point que je manque pousser un petit cri. C'est la broche que j'ai mise dans ma poche ; je la sors. Liberté.
Maintenant comme tout à l'heure, j'ai une certitude. Je dois donner la broche à cette femme. Quelle-qu’en soit la raison. Alors je sors du couvert des arbres, et m'approche à petits pas timides. Timidité qui s'envole au bout de deux enjambées. Je suis venue pour elle, je le sais. Je suis sortie du ventre de ma mère pour elle. Je suis née pour elle.
Je m'agenouille à ses côtés et je place la broche argentée dans sa paume ouverte, prête à l'accueillir. Prête à m'accueillir. Je pose un baiser fiévreux sur sa joie. Moi aussi, je suis prête à l'accueillir. Et puis je m'en vais comme je suis venue. Mais arrivée sous le toit verdoyant des arbres, là où ses yeux ne peuvent m'atteindre, je me mets à courir. Non pas de honte, non pas de peur. De joie. Et là, tout droit, je retrouve ma clairière. La clairière où je suis née.
Et je m'assieds là, au milieu des fleurs délicates. Et j'attends. Quoi, au juste ? Je ne sais pas. Mais quand la jeune femme débouche dans la clairière, je sais que c'était elle, que j'attendais. Fleur parmi les fleurs. Elle s'assied à côté de moi. Simplement. Et simplement, elle pose sa tête sur mon épaule et mes doigts s'entremêlent aux siens. Comme si c'était la chose la plus naturelle à faire.
Je nargue Dieu ; je lui vole un bout de paradis.

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Je suis dans un cauchemar. Pourtant, il ne commence pas si différemment du rêve.
Il fait noir, pareil. Et il n'y a pas de son, pareil. Sauf que ce noir et ce silence semblent avaler toute forme de vie. Et la broyer entre leurs dents immatérielles. Tout dans ce décor, ou plutôt dans cette absence de décor, me fait sentir étrangère. Étrangère dans ma propre tête.
J'écoute le silence et je scrute la noire opacité. J'entends un grincement. Je vois un éclair rouge. Des hallucinations. Parce que rien ne bouge. Tout est calme. Trop calme.
J'ai peur. Et ma respiration s'emballe. Le sifflement qui s'échappe de mes poumons me dégoûte. J'ouvre la bouche, aspirant l'air comme un poisson hors de l'eau. Ma poitrine se soulève et s'abaisse à une vitesse ahurissante. Je ronfle, je crache. Ma respiration est laborieuse.
Je sens que je suis nue, et j'ai honte. Je cache mes parties intimes en vain à l'aide de mes mains. Comme si des yeux malfaisants pouvaient scruter l'encre de Chine qui déploie son enveloppe toxique autour de moi. J'ai froid, aussi.
Et comme si quelqu'un avait entendu ma plainte muette, je commence à avoir chaud. A m'embraser. Ma peau trépide, bout. Je brûle vive. Je hurle. Ou en tout cas, j'essaie. Un unique râle s'échappe d'entre mes lèvres craquelées.
Puis soudain le feu s'atténue. Ou du moins, j'ai moins mal. Il a presque disparu. Dans le silence effrayant de la nuit, seule ma respiration siffle.
Puis je sens une main. Une main caleuse. Une main forte. Une main d'homme.
Elle griffe mon cou, érafle la peau translucide de mes seins, puis descend, descend. Puis je me ferme, comme à chaque fois. Mes cuisses étroitement serrées, mon vagin contracté. Il ne passera pas. Mais j'entends presque son rire résonner dans ma tête ; il sait qu'il me vaincra. Il sait qu'il maîtrisera mon spasme.
Alors je me débats. Je donne de violents coups de pieds. Qui ne rencontrent que le vide. La main est toujours là, elle, caressant mon pubis. Et le rire aussi, toujours dans ma tête. J'ai beau bouger dans tous les sens, rien à faire. Il passera.
Il écarte violemment mes cuisses, et rentre sa queue en moi. Il va. Il vient. Et moi j'ai inhumainement mal. Je hurle. Et il rit. Je sens sa queue en moi. Dure, dure. Dure et froide, en fait. Comme ... comme du métal.
Et soudain je réalise.
Ce n'est pas une queue, que j'ai en moi. C'est un flingue. On me baise avec un flingue. Et à chaque aller, à chaque collision avec mon col de l'utérus, je hurle. Je gueule aussi fort que mes poumons foutus me le permettent. Et soudain, BANG.
Je suis morte. Morte de l'intérieur.

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Je serre ma gabardine autour de moi alors que la pluie s'abat et dégouline le long de mes cheveux. Il y a un café, à quelques mètres, le café dans lequel je prends mon petit-déjeuner tous les matins. Mais je n'entre pas. Pas tout de suite.
Par la baie vitrée, j'observe la serveuse. C'est la femme de mes rêves. Littéralement. Celle qui s'invite dans mes rêves sans que j'en connaisse la raison. Pourquoi elle ? Elle n'est pour moi que celle qui me sert mon café bien chaud, et pourtant elle est bien plus que ça. Nous partageons dans mes rêves une intimité que je ne m'explique pas.
Je ne suis pas attirée par les femmes. Du moins je ne croyais pas l'être, avant de la rencontrer dans mes songes. Avec elle, tout semble ... naturel. Comme allant de soi. Comme coulant de source. A ses côtés, tout est simple. Et mon corps se détend.
Pas comme avec Isaiah, mon ex. Il ne comprenait pas. Il n'a jamais pu comprendre. J'ai peur du sexe. Une peur panique qui fait contracter mes cuisses et mon vagin comme l'hérisson se roule en boule à la moindre approche. Vaginisme, paraît que ça s'appelle. Et Isaiah, il a jamais compris. Je l'aimais, pourtant, et il me rendait mon je t'aime, mais il a jamais pris le temps de me rassurer, de m'aider dans cette épreuve. Et il est parti trouver ailleurs ce que je ne pouvais lui donner.
Avec cette femme, c'est différent. Chacune de ses caresses est d'or. Sait-elle au moins ce qu'elle représente pour moi ? Me reconnait-elle, moi qui vient dans son café tous les matins depuis deux ans, déjà ? Car j'ai compris que les rêves n'étaient pas que des illusions, ça la mort de mon frère me l'a bien fait comprendre. Me l'a même fait bouffer. Alors, se souvient-elle ... ?
Un jeune couple passe devant le café, s'arrête et regarde dans la vitrine du café, me bouchant la vue. C'est ce mouvement insignifiant dans mon champ de vision qui me fait reprendre contact avec la réalité. J'inspire un bon coup et suis le couple à l'intérieur.
Je prends la même place que d'habitude, celle face à la rue ... et la serveuse dans mon champ de vision. D'ailleurs la voilà qui m'apporte mon café et mon croissant. Je n'ai plus besoin de passer commande, à force, elle sait ce que je prends. Je lui souris et la remercie. Elle repart à son comptoir.
Je devrais l'aborder. Je sais que je devrais. Mais quelque chose me retient. Quoi, au juste ? La peur qu'elle ne se souvienne pas de ce qu'on est en rêve ? La peur de me faire rejeter ? La peur de ne pas savoir m'y prendre avec les femmes ? Ou la peur de m'apercevoir qu'elle n'est pas aussi parfaite que dans mes rêves ?
Je lève les yeux. Je croise son regard. Je passe une mèche de mes cheveux blonds derrière mon oreille, en un signe de contenance. L'oreille en dessous de laquelle se trouve un tatouage en forme de lune. Comme la broche. Je suis prête à tout pour qu'elle se souvienne de moi. Et pourtant ...
J'avale ma dernière gorgée de café, puis me lève pour payer. Je tends le ticket à la jeune femme puis je sors mon portefeuille. Entre deux billets, ma liste des choses à faire avant de mourir. L'une d'elle, la première, même : Parler à la femme de mes rêves. J'hésite un moment, le regard vrillé sur ma liste, puis sors un billet pour régler la note et je referme mon portefeuille avec plus de violence que prévu. C'est ridicule. Le moment viendra. Un jour. Mais pas maintenant.
Je récupère ma monnaie, un sourire gêné aux lèvres, puis je m'en vais. Comme ça. Comme chaque matin. Espérant qu'un jour j'aurais assez de courage pour aborder la femme de mes rêves ...