RILEY KEOUGH ©CHERRYBLOSSOM.

j’en ai marre de ce cœur,
mon Dieu, qui ne bat plus.

"Noreen ? Cette fille, vous la voyez sans vraiment la voir. Elle est là sans vraiment être là. Même si son visage est doux, même si elle a toujours un sourire pour les gens. Cette fille est inexistante. Elle ne dit rien. Jamais. Toujours si gentille, que ça en filerait la nausée à n'importe qui. Moi, j'ai toujours dit que cette fille allait se foutre en l'air. Elle semble si à l'écart du monde que ça me surprendrait pas. Elle fait bien son travail. Pourtant, je crois qu'intérieurement, cette fille divague totalement. Parfois, je l'entends parler toute seule, ouais, comme si elle avait un ami imaginaire. On m'a dit qu'elle avait pas eu la vie facile. Y'a des rumeurs comme quoi que son propre père l'aurait violé. C'est dingue pas vrai ? Sa mère aurait tuée son père, avant de se tirer une balle. Tu m'étonnes qu'elle est ravagée cette gonzesse."

- Loria, serveuse - 20 juin 2010.

"Moi, je parle pas de Noreen. Elle me fou la trouille celle-là. Ouais, je sais, c'est qu'une fille. Mais une fois, elle m'a attaquée avec un couteau en me criant de me taire. Je peux vous dire que je ne faisais pas le fier. J'en ai parlé au patron. Mais il veut pas la virer. Parce qu'elle a un joli petit cul. Et aussi parce qu'il est lié à sa famille. Moi, je dis, cette fille, elle va finir au fond d'un fossé, ou elle va se jeter d'une fenêtre. Je crois qu'elle se rend plus compte de rien. Parfois, elle a même des moments d'absence, où elle se rappelle plus qui elle est. Flippant."

- Santiago, cuisinier - 19 septembre 2011.

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J’enfonce ces pilules au fond de ma bouche, ces petites pilules magiques qui sont mon seul remède pour dormir. J’ai à peine besoin de boire de l’eau que je sentais déjà celle-ci tombait à l’intérieur de moi, pendant que ma tête tombait lourdement sur mon oreiller. Juste quelques minutes, et mon esprit a quitté mon triste monde. Moi. Petite fille. Les cheveux d’un blond étincelant. Bouclés. Mon petit nœud rose dans les cheveux. Et ma petite robe blanche que ma mère aimait tant me faire porter. Je tombais. Dans l’obscurité. Me sentant volé, flotté dans les airs. Une sensation de liberté. Pourtant, je suis en chute libre. Je ne vole pas comme mon ami Peter Pan. Je m’engouffre comme mon amie Alice. Puis, c’est comme passer du tout au tout. Mes yeux bleus me font souffrir. Obligeant mes paupières d’enfant à battre. Un immense jardin s’offre à moi. Je gambade, jusqu’à me retrouver devant un arbre intriguant. Sombre. Tordu. En contraste complet avec le reste de cet univers. Je m’en approche, mains les premières. Une petite voix me stoppe dans mon geste, me poussant à me retourner. « N’y vas pas. » Je me retrouve en face de ma propre personne, mais à mon âge actuel. « Pourquoi ? » Mon moi plus vieux me tends une main, un sourire délicat. « Amuse-toi pendant qu’il en est encore temps. » Je glisse ma petite main dans la sienne – ou plutôt dans la mienne. Nous avançons, dans un silence. Un ruisseau de chocolat se présente à nous. Lâchant prise, j’y accours, comme un enfant gâté et gourmand. « Vas-y, amuse toi Noreen. » Je m’avance, un sourire d’ange sur le visage. Je porte ma main vers le chocolat, goutant à cette divine texture. « Ta maman ne t’a jamais dit qu’il ne fallait pas écouter les inconnus ? » Je me retourne, mais ma moi plus vieille m’attrape par ma robe, et me plonge la tête dans le chocolat, me poussant ainsi à m’étouffer, et à tacher la robe que ma mère aimait tant. Mon corps flottait à la surface, corps sans vie. Un dédoublement de moi. Comme si je n’étais qu’un fantôme. « Maman va être en colère, tu as taché ma belle robe. Pourquoi tu as fait ça ? » Noreen vieille se tourne vers moi, caressant mon visage d’enfant, alors que j’admire toujours mon corps flottant à la surface. « Je t’ai rendue la liberté. Liberté qu'on n'a jamais voulu me donner. » J’ouvre les paupières, m’éloignant de ce rêve si doux et agréable. Mourir était mon meilleur rêve.

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Et le sang qui jaillit de son corps, le poignard qui s'abat sur son torse dans un nombre incalculable de fois, l'entendant murmurer mon nom, me suppliant de le laisser, de l'épargner, de le laisser vivre. Sa voix n'est que lointaine, seul mon rire d'hystérique perce ce néant que j'ai créé autour de moi. L'obscurité, c'est moi. La mort, c'est moi aussi. Je vous regarde dans l'obscurité, prête à vous prendre votre existence. Je rigole jusqu'à m'en casser une côte, je jouis de ce moment. Ce moment où je lui fait enfin payer ses actes envers moi. Lui faire comprendre que je ne suis pas ce pantin qu'il croit manipuler. Je veux le saigner. Le voir pâlir tandis que ma rage et ma folie s'abat encore sur lui de façon démesurée. Puis je lui tranche la gorge pour le faire taire. « Ferme la connard. Ferme la. » Mais il ne se tait jamais, ses blessures disparaissent, comme si elles n'avaient jamais existées. Et je sens encore ses mains sur mes hanches, alors que je suis sur lui. Il me caresse, sourit comme un idiot, et moi, je gémis de bonheur, ou plutôt de douleur. Il revient sans cesse, comme si il était en mode repeat. Comme un mauvais bug du DVD player. Je l'embrasse à en perdre la respiration. Et je recommence. Sans arrêt. Je le tue. Je lui perce les poumons. Encore et toujours. Espérant que son existence est éphémère. Persuadée qu'il va mourir par ma main. Qu'un jour, il me fera l'amour comme jamais, et que je lui percerai le ventre, avant qu'il reparte la rejoindre, Elle. Mais ce n'est qu'un cauchemar, ou peut-être un doux rêve. Le destin. J'espère. Cet amour me consume. Rien au monde ne peut me ronger autant que lui. Il me bouffe, et j'en redemande toujours plus. Parce que c'est vital. Que sans lui, je ne suis rien. Mais je sais que nous serons libre que dans la mort. Lui et moi, on s'est toujours dit qu'on étaient né pour mourir. Comme chaque personne dans ce vulgaire monde. Mais non. Non. Nous. On le préméditait. On attend. Dans l'ombre. Voir lequel de nous deux va se casser en morceaux en premier. Mais on sait que je suis la plus faible, et celle, la moins attachée à la vie. Ouais. C'est ce qu'on croyait.

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Je le sens qu’il me suit. Mon meilleur ami. Ce mec, que je considère comme la personne la plus importante de ma vie, alors que je ne sais rien de lui. On s’est rencontré au détour d’une rue. Nos regards se sont accrochés. Très vite, notre monde a été bouleversé. Je m’enfonce dans une ruelle sombre, seule le bruit de mes pas se fait entendre, et bientôt le bruit des siens. Quelques secondes je sens ses mains sur mes hanches, soulevant ma jupe tout en me plaquant contre le mur sale de la rue. Bientôt, je le sens se mouvoir en moi, alors que j’en redemande, sans cesse. Incapable de retenir mon plaisir. Il me fixe du regard, me faisant me sentir comme si j’étais juste un objet, une poupée dans laquelle il déversait son plaisir. Je le déteste pour ça. De me faire sentir comme une chose, une vulgaire prostituée. Je suis plus importante que ça. Mais ça ne m’empêche pas d’en redemander encore et toujours. Ce sont les moments en sa compagnie où je me sens en vie. On n’a pas besoin de baiser comme des fous, pour se sentir connectés. On se déteste autant qu’on s’aime. C’est maladif, destructeur. On va se perdre. On a déjà dépassé la ligne entre l’amitié, la baise amicale, et l’amour. Mais l’amour, ça nous dégoute. On veut juste se sentir vivre sans passer par la drogue. Lui, je sais qu’il se shoote. Je sais que je risque de le suivre. Mais moi, j’étais shooté à l’amour. Je me shootais à sa personne, à son existence. Par-dessus tout, dans cette histoire, j’étais l’autre. Il a une copine. Il la déteste. La fille est complètement folle. Il vient vers moi, parce qu’il sait que je ne le juge pas. C’est juste un garçon en manque d’amour. C’est ce que je crois. Mais je me trompe sûrement. Peut-être que je suis juste sa prostituée, mais gratuite. Dans un ultime mouvement de rein, il m’embrasse, avant de se retirer, et de se rhabiller. Sans un regard, il est parti. Me faisant me sentir comme de la merde. Pourtant, je l’aime. Ca va me perdre. Je le savais. Je l’aime à m’en ouvrir les tripes. A en tuer quelqu’un. A en faire sauter une bombe nucléaire. Le monde ne m’importe pas. Tant que je l’ai lui. Il est mon fantasme dans tous les sens du terme. Parfois réel, parfois irréel.