Chaleur. Des flammes m’entourent, Prince se trouve en face de moi et deux cordes relient mes poignets entre eux, je suis dans l’incapacité de me servir de mes mains et je me trouve sur une petite plateforme instable. Les flammes se font agressives, je ne pourrai pas rester ici bien longtemps. « Sauve-moi. » je murmure. Mon mari. Il devrait me sauver, m’empêcher de sombrer dans le trou béant qui se trouve à mes pieds. Je lève les yeux vers lui après avoir jeté un vif coup d’œil aux flammes. Un sourire sadique anime son visage et c’est à ce moment-là que je remarque une fine corde entre ses mains. Je la suis du regard et m’aperçois avec horreur qu’elle est reliée à mes poignets. « Non… » Dis-je en le suppliant des yeux. Il se met alors à tirer. Je tire également de toutes mes forces, je ne veux pas mourir comme ça ! Nous avons toujours été deux forces en opposition, lui par son envie grandissante de me dominer, moi par mon besoin inconditionnel de liberté. Il ne veut pas me l'accorder et si il ne peut m'avoir, personne ne le peut. Je ne veux pas de lui ni d'aucun autre hommes. S’ensuit alors une sorte de bras de fer, le moins fort mourra. Je tire de plus en plus, tandis que je sens les muscles de mes bras s’engourdirent. Je plante alors mes talons dans le sol, plus de résistance et puis plus rien. Il lâche et la force que j’avais mise à tiré cette corde vers moi me fait tomber en arrière. Je crie, non pas pour demander de l’aide, mais pour le maudire à jamais. Je sens alors la chaleur des flammes m’envahir, l’agonie se fait mienne, je ne crie plus. Je brule vive.

Prince et Karen se sont mariés au Burkina Faso il y a maintenant deux ans, ce sont leurs parents qui ont pris la décision pour eux, tous deux étant issus de famille à l'esprit très conservateur, il était tout à fait normal que le mariage soit arrangé. La jeune femme s'est rapidement rendue compte qu'elle ne l'aimait pas du tout et que tout amour entre eux serait impossible. Cependant, elle reste sa femme et Prince aimerait bien le lui faire entendre, elle doit cesser de lui tenir tête, et vite. Il pense de plus en plus pouvoir la contenir, la jeune femme s'étant en fait réfugiée dans ses rêves pour retrouver la femme blonde, inconnue, qui chaque matin illumine sa journée au café ou Karen travaille. Prince lui n'est pas le genre de mari fidèle, il n'aime pas sa femme et c'est lui l'homme, il fait ce qu'il veut.